L'Algérie était un pays de transit mais que la situation a changé pour devenir un pays d'«installation» (mais pas pays d'immigration) nécessitant d'autres instruments juridiques, sécuritaires, sanitaires, etc., pour faire face aux situations nouvelles. Les mineurs non accompagnés ne devraient pas faire l'objet de refoulement vers la frontière ou être expulsés, même s'ils sont dépourvus de documents d'entrée et de séjour dans le territoire national. Ils devraient être accueillis dans des centres ou logements protégés pour la période nécessaire en vue de permettre leur identification et dégager la solution à leur situation. Durant cette période, ils doivent avoir accès aux institutions scolaires et au service d'accompagnement linguistique et culturel pour faciliter leur intégration. Retour volontaire Des programmes pour le retour volontaire assisté devraient être mis en place avec la coopération des organisations internationales et des services consulaires des pays d'origine, une fois les parents identifiés. Ce sont quelques-unes des recommandations de la journée d'étude portant sur la «Protection des mineurs et groupes vulnérables» tenue jeudi à la mairie d'Oran. La manifestation entre dans un cadre global de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne autour de la thématique des migrations et de l'asile, mais la rencontre est inscrite dans un projet spécifique intitulé : «Algérie, renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion des flux migratoires mixtes» mis en œuvre par le Conseil italien pour les réfugiés (CIR). Directives pour les enfants Des instances comme la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) présidée par Farouk Ksentini et représentée localement par son secrétaire général Abdelwahab Merdjana, le HCR, le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD) et l'Union des juristes italiens pour la défense des droits de l'homme (UFTDU) présidée par Mario Lana, ont été associées à cette initiative. Le cas des mineurs non accompagnés et la situation précaire dans laquelle ils se retrouvent ont été évoqués par Amel Amir Ali du HCR, qui a relevé une évolution avec la réponse favorable reçue du gouvernement pour la scolarisation de certains enfants de réfugiés. «Nous espérons étendre cet avantage à tous les enfants de migrants», a-t-elle déclaré. A ce sujet, la modératrice de l'atelier a déclaré que cette directive concerne déjà tous les enfants, y compris les migrants. Le cas du Sahara occidental mis à part, le nombre de réfugiés (parmi eux des mineurs âgés de 14 à 17 ans) connus et relevant de la compétence du HCR en Algérie, est de 119, selon Amel Amir Ali contestant de fait la rumeur portant à 12 000 le nombre de réfugiés syriens. Parlant des flux migratoires en général, Rezak Bara, actuellement conseiller du président de la République sur les questions des droits de l'homme, estime que l'Algérie était un pays de transit mais que la situation a changé pour devenir un pays d'«installation» (mais pas pays d'immigration) nécessitant d'autres instruments juridiques, sécuritaires, sanitaires, etc., pour faire face aux situations nouvelles. «L'Algérie considère les frontières non pas comme des barrières mais comme un espace de solidarité, d'entraide et de rencontre, et c'est pour cela que les migrants doivent être vus plutôt comme une population à protéger», a-t-il indiqué en précisant que cela doit se faire dans le cadre des valeurs nationales. Le partenariat est privilégié aux solutions dictées et aux modèles préétablis qui peuvent s'avérer inopérants car, dit-il, «nous ne voulons pas être uniquement des gendarmes pour atténuer les flux migratoires vers l'Europe, destination souhaitée par les populations qui quittent leur pays pour plusieurs causes, économiques, sécuritaires, la sécheresse, la persécution, etc.». En aparté, l'ancien directeur de l'Observatoire des droits de l'homme considère que les groupes terroristes djihadistes qui tendent à imposer leur loi au nord du Mali poussent beaucoup de gens à partir. «A nos frontières terrestres, ajoute-t-il, nous avons à faire aux mêmes communautés et il est donc normal d'apporter notre aide humanitaire, mais en même temps, il faut prendre des mesures de vigilance sécuritaire qui s'imposent car la situation est appelée à durer». L'Italie a eu à faire face à des flux exceptionnels de migrants ou de réfugiés durant les révoltes tunisienne et surtout libyenne. Christopher Hein, directeur du CIR, a estimé en aparté – son intervention à l'atelier porte sur le traitement juridique des catégories vulnérables dans la législation européenne – que 21 000 réfugiés en provenance de Libye, représentant plusieurs pays africains, ont été recensés depuis le début du conflit. La solution du retour volontaire assisté a été privilégiée pour régler le problème. En collaboration avec le Conseil européen pour les réfugiés, il annonce l'organisation prochaine à Tamanrasset d'un atelier en faveur des migrants réfugiés. En réponse à une question sur l'Europe d'aujourd'hui, il a considéré que la situation était préoccupante avec la montée de certaines tendances xénophobes à cause de la crise économique et de la pression sur le marché du travail, notamment en Espagne et en Italie. «L'Espagne, traditionnellement plus ouverte et plus libérale sur les questions migratoires, est en train d'adopter, petit à petit, des mesures beaucoup plus contraignantes.»