Abderrahmane Chaouane, artiste peintre, ne fait pas dans la démesure. Autodidacte, il n'aurait pas voulu, à l'en croire, faire les Beaux-Arts et « entrer tête en avant dans des moules qui m'auraient fait excessivement du tort. Le génie créatif de l'artiste y perdra grandement à n'en point douter », explique Chaouane. L'exposition thématique de trois jours intitulée « Erissala » qui s'est tenue à la galerie Racim était l'occasion pour ce natif d'Alger, qui vit à Larbaâ, de faire une rétrospective de son travail. 35 œuvres ont été exposées pour l'occasion. Deux étapes fort distinctes l'une de l'autre ont jalonné depuis 20 ans sa vie d'artiste arrimé à son chevalet. La première « identitaire » a trait aux tableaux qui ont pour thèmes et décors « La terre nourricière ». « J'ai voulu me rassasier et peindre sous toutes les coutures la terre de mes ancêtres. Les jeunes doivent d'ailleurs s'y attacher davantage. Vouloir imiter l'Occident, c'est se perdre inéluctablement dans les méandres de l'acculturation », dit-il philosophe. La deuxième période amorcée tout récemment touche à un domaine « resté longtemps vierge et en friche », s'emporte Chaouane en parlant des tableaux dont les thèmes sont la religion et ses valeurs transcendantes. Aussi, des tableaux aux titres évocateurs d'un Islam tolérant et accueillant sont pour cela exposés à l'entrée de la galerie. Des versets coraniques évocateurs prennent sous sa plume des formes formidables. De plus, des postures d'hommes adorant dans la sérénité d'une mosquée sont aussi visibles. Les couloirs sont tout, sauf excessifs pour ces entrelacements d'arabesques du Verbe divin. « Pour atteindre la lumière, il faut faire dans le mélange des couleurs. Pour moi, je ne privilégie pas une coloration sur une autre. Mon travail est tout réuni dans cette conception », s'explique M. Chaouane. Le Berger, pour l'exemple, donne à voir un vieil homme, en réalité reflet d'une âme en peine, déchu par l'existence. Par ailleurs, la galerie Racim organise, à partir d'aujourd'hui, une exposition de peinture féminine, à l'occasion de la journée du 8 Mars.