Beaucoup de craintes mais pas de grands dégâts encore à signaler. Les opérateurs économiques algériens, notamment privés, qui ont manifesté leurs appréhensions quant à la manière dont le gouvernement avait engagé en solo les négociations avec l'Union européenne, jugent encore prématuré d'énumérer les retombées néfastes de cet accord sur l'économie nationale. En effet, depuis septembre 2005, le démantèlement tarifaire total ou partiel de quelque 2327 produits n'a semble-t-il nullement perturbé le marché algérien selon le ministre du Commerce alors que les échanges commerciaux avec l'Europe n'ont pas connu de grands changements. Des chefs d'entreprises algériennes, outre qu'ils n'ont jamais gobé le fait qu'ils soient mis à l'écart lors de la négociation de cet accord, citent des cas où le partenaire européen est favorisé. Ainsi, si pour Slimane Aït Yala, le PDG de BYA Electronics " l'accord n'a pas d'effet spectaculaire sur l'économie algérienne ", le patron de Cevital, Issad Rebrab, parle de " concurrence déloyale pratiquée par les exportateurs européens de sucre favorisés par des pratiques de dumping, pourtant proscrit dans l'accord ". Pour le forum des chefs d'entreprises que préside Omar Ramdane, " l'accord d'association connaît un réel déséquilibre au bénéfice de la partie européenne ". Etayant ces propos, le président du FCE parle d'enquête réalisée récemment afin d'évaluer les premiers effets de la mise en œuvre de l'accord d'association d'où il ressort que moins de la moitié des chefs d'entreprises interrogés sont seulement satisfaits de l'accord. 44% seulement des entreprises ont vu les prix à l'importation baisser alors que pour 25% d'entre elles, les prix ont au contraire augmenté, selon l'enquête du FCE. Contradiction Mourad Moula, le PDG des laboratoires Venus Cosmétiques, dit avoir bénéficié de certaines positions tarifaires à 0% de droits de douane, mais cite néanmoins certaines matières premières importantes dédouanées à 30%. "C'est excessif et ce n'est pas normal du tout, au moment où il n'y a plus de protection au niveau des produits finis importés par la suppression de la taxe additionnelle, dont les droits douanes sont de 30%, égaux aux taux de certaines matières premières. C'est une contradiction totale ". Et d'ajouter : " Pour être plus compétitifs par rapport aux produits d'importation, il faut exonérer les matières premières non fabriquées et non disponibles localement ". Une source des Brasseries d'Alger préférant garder l'anonymat plaide pour que tous les intrants dans le processus de fabrication puissent connaître une diminution tarifaire. Et de citer le cas du malt qui, dit-elle, passe de 5% de taux de douane en 2003 à 30% en 2004-2005. "Tous les intrants doivent être taxés à seulement 5% au lieu des 30% " suggère-t-elle. Premier quota à être épuisé (celui de la bière), notre source qui dit avoir bénéficié d'un petit quota sur les 1000 t, mais préfère signaler plutôt " la fermeture des bars par des autorités locales dans le cadre de la réconciliation nationale ".