En vue de l'accession de l'Algérie à l'OMC, le gouvernement semble vouloir, cette fois-ci, associer les partenaires économiques et sociaux. L'adhésion de l'Algérie à l'OMC fait déjà trembler les producteurs algériens qui, après le paraphe de l'accord entre l'Algérie et l'Union européenne, avaient crié haut et fort que le produit national en pâtirait incontestablement si l'Etat ne prenait pas les mesures nécessaires pour aider les entreprises locales à devenir plus compétitives. Le patronat et les représentants de la société civile ont également reproché au gouvernement de ne pas les avoir associés à des négociations qui les concernaient au plus haut point. La grogne a été si manifeste que le ministre du Commerce a vraisemblablement, tiré la leçon et compte, cette fois-ci, organiser des rencontres avec l'UGTA et les chefs d'entreprises afin de discuter de l'accession de l'Algérie à l'OMC. Ces derniers se réuniront samedi au siège du ministère pour prendre connaissance des grandes lignes du processus d'adhésion et en profiteront pour faire part de leurs préoccupations et de leurs appréhensions quant à l'avenir du produit national. Des préoccupations d'autant plus légitimes que les prochaines négociations auront lieu les 7 et 8 février à Genève. Rappelons, dans ce cadre, qu'il s'agit moins d'entamer des négociations pour l'admission d'un gouvernement que l'introduction d'un système économique et commercial tout entier à une organisation mondiale. L'association du partenaire économique dans l'opération devient alors essentielle vu que ce sont ses intérêts qui devraient obligatoirement être pris en compte. Dans cette perspective, le ministre du Commerce, M.Temmar, a déclaré mardi, lors de la rencontre-débat avec les représentants des commissions économiques et financières de l'APN et du Conseil de la nation, que «les hommes d'affaires devraient s'interroger aujourd'hui beaucoup plus sur la politique d'encouragement que devrait adopter le gouvernement pour permettre aux entreprises d'être compétitives au lieu de rejeter la protection». Allusion faite aux équipementiers qui se sont violemment soulevés contre le nouveau tarif douanier taxant les produits d'équipement à 5% seulement et, de ce fait, «sacrifiant, d'après eux, le produit national et scellant de manière définitive son avenir sur le marché». S'exprimant sur ce point, Mourad Medelci, ministre des Finances, a indiqué lundi, en marge du séminaire sur le NEPAD, que le tarif douanier ainsi élaboré répondait au seul souci de promouvoir l'investissement en Algérie. Les entreprises nationales qui produisent des produits d'équipement ne répondent, selon lui, qu'à 15% des besoins en équipements des entreprises. Les 85% qui restent sont importés, ce qui explique, a-t-il ajouté, le taux réduit qu'on leur applique. Le ministre a précisé, par ailleurs, que les entreprises algériennes telles que la Snvi et autres, bénéficieront d'une subvention de l'Etat pour les aider à rester compétitives. Sur ce plan, Hamid Temmar considère même que l'Algérie a de bonnes raisons de prétendre à une place sur le marché international puisque, argue-t-il, elle a «la capacité d'exporter des produits importants tels que des bus, moteurs, moto-vannes et tubes de canalisations». Un avantage qui la distingue de ses voisins les plus immédiats qui, eux, exportent principalement des produits d'artisanat. Le ministre a ensuite ajouté que «140 à 150 produits seraient éligibles à l'exportation dès aujourd'hui si les conditions étaient réunies». Des chiffres enthousiastes, faut-il le noter. Les ministres ont néanmoins omis de préciser que l'Algérie ne dispose pas, théoriquement, de suffisamment de temps pour que sa production ne fasse pas le frais d'une mise à niveau qui n'a pas encore abouti. Car, en substance, les accords de l'OMC seront systématiquement applicables sitôt que la mise en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE sera prononcée. Une situation amplement contraignante du moment que toute restriction administrative sera formellement interdite dès l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne. Pour ce qui est des tarifs douaniers, M.Hedir, expert auprès du ministère du Commerce, dénonce l'absence d'un tarif «assumant avec un minimum de consensus au plan interne sa mission usuelle de protection de la production nationale», ce qui compliquerait, a-t-il précisé, la définition d'une approche rationnelle et sereine de négociations commerciales internationales qui «ont pour objet, précisément, de réduire le niveau de cette même protection».