Après la publication de son dernier nouveau livre mémoire algérienne aux éditions Stock, Henri Alleg, journaliste et historien était l'invité, la semaine passée, du centre culturel algérien à Paris. Il était venu évoquer ses innombrables souvenirs liés à son engagement aux côtés des Algériens lors de la guerre de libération ainsi qu'à son métier de journaliste à Alger Républicain. Introduisant l'auteur, William Sportisse, modérateur de la table ronde, a décrit Alleg comme un fidèle à l'idéal communiste, un fervent défenseur de la justice et un optimiste invétéré qui n'a jamais cessé de croire aux lendemains enchanteurs. « Malgré la chute du communisme, disait-il, l'histoire n'est pas finie. Des femmes et des hommes reprendront le flambeau pour un meilleur avenir. Plus forts et plus résolus. » Prolixe et témoin privilégié de la guerre d'Algérie, doté d'une mémoire riche en souvenirs et encore très vive, malgré ses 85 ans, Henri Alleg a expliqué que « je n'avais pas écrit ce livre par oisiveté, mais parce que je pense qu'il sera utile pour ceux qui viendront après nous. Il les aidera à mieux connaître l'histoire de la guerre ». La rencontre était aussi l'occasion pour de nombreux intervenants d'évoquer des sujets à la fois plus larges et plus controversés, comme l'existence d'une ou nombreuses mémoires de la guerre d'Algérie ? Une question jugée compliquée par le conférencier qui a estimé que « la mémoire collective est faite, avant tout, de diverses mémoires et que l'histoire s'enrichit des faits volontairement ou involontairement laissés de côté ». Il a donné l'exemple des deux dernières générations de Français qui n'ont pas vraiment connu grand-chose sur la guerre d'Algérie à cause de la stratégie d'évitement prônée par les autorités françaises à l'égard du sujet. Qu'en est-il également de la relation entre l'histoire et la mémoire ? Henri Alleg dira que « c'est l'ensemble des mémoires qui créent, d'une certaine façon, la matière qui rend l'histoire vivante ». A la question de savoir quel est l'héritage laissé par la guerre pour les algériens, Henri Alleg reconnaît les ratages commis par les gestionnaires de l'Algérie indépendante, mais a insisté sur la liberté d'un peuple devenu, grâce à sa lutte, maître de son destin et des ses richesses. « Il incombe maintenant aux nouvelles générations de faire leur devoir, de construire l'Algérie et de la mener vers plus de prospérité et de justice », a-t-il soutenu. L'auteur a conclu son intervention en rappelant les différentes périodes qui ont marqué le journal Alger Républicain ainsi que les péripéties financières et politiques qui l'empêchent de retrouver la place qui lui revient dans le paysage médiatique algérien. Présents sur les lieux, les « amis d'Alger Républicain » ont d'ailleurs distribué des tracts pour appeler les gens à soutenir ce quotidien historique, en s'abonnant ou en achetant des espaces publicitaires. Ils ont également manifesté leur soutien à la presse privée algérienne prise à nouveau dans le collimateur du régime algérien et aux journalistes poursuivis par la justice.