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Dérive de la finance mondiale : scandale du LIBOR ou fraude systémique
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Le Wall Street Journal parle d'une fraude ayant permis le détournement de plus de 800 milliards de dollars… Matt Taibbi, journaliste d'investigation américain, parle lui du plus grand scandale financier du XXIe siècle.
Le Parlement britannique a récemment ouvert une enquête. Mais il y a tout de même une certaine hypocrisie dans la manière dont les banques (qui ont toutes fait savoir qu'elles coopéreraient avec les autorités) tentent de faire peser le poids d'une fraude systémique aux seuls traders. Une fraude d'une telle ampleur implique non seulement la connaissance, mais l'approbation des hauts dirigeants des institutions concernées.
L'affaire est en tout cas assez grave pour que le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, parle de «trahison aux conséquences potentiellement systémiques». Du fait de ces manipulations, des millions d'emprunteurs ont payé un taux d'intérêt faussé entre 2005 et 2009. Un tel scandale a au moins une vertu pédagogique : il vient rappeler qu'aucune réforme sérieuse n'a été engagée depuis la crise financière de 2008 pour mettre au pas la finance. Pour la Grande-Bretagne, qui tire une grande fierté des activités financières de la City, cette affaire est vécue comme une catastrophe : elle révèle que le cœur de la City est pourri, que la cathédrale de la finance globale repose sur des mensonges.
Falsifications sans bornes
«Les marchés sont tellement falsifiés par les autorités que je n'ai pas d'idées significatives à vous offrir». C'est ce qu'a grincé Bob Janjuah, stratégiste investissements chez Nomura International, il y a quelques mois. Depuis, les initiés ont accéléré leurs falsifications, tandis que de nouvelles révélations sur des falsifications passées ont été mises au jour.
«Nos autorités semblent si unidimensionnelles, si court-termistes et si vides de courage ou d'idées que j'en reste stupéfait», a déclaré Janjuah en février dernier. «Il semble désormais évident qu'en réaction à la crise financière qui sévit depuis cinq ans et plus, on nous dit de recommencer à prendre ces mêmes décisions politiques (que celles qui ont échoué).
La crise a été causée par des banquiers centraux qui ont mal évalué le coût du capital, ce qui a causé une mauvaise allocation de ce même capital, menée par la dette/effet de levier, et qui a fini par se révéler être une terrible bulle d'actifs qui a ensuite éclaté, détruisant les vies et la subsistance de dizaines de millions de personnes relativement innocentes». Lorsque M. Janjuah a émis ces commentaires, la Banque centrale européenne (BCE) avait tout juste commencé à truquer les marchés du crédit souverain européens en fournissant des renflouages de centaines de milliards d'euros aux banques centrales d'Espagne, d'Italie et autres. Et bien entendu, quand Janjuah s'est plaint que les marchés étaient falsifiés, il n'avait pas la moindre idée que les décideurs avaient déjà truqué les taux LIBOR (le fondement même des marchés mondiaux du crédit).
Qu'est-ce que le LIBOR ?
Le LIBOR est un acronyme qui signifie «London Interbank Offered Rate», soit «taux interbancaire offert à Londres». Concrètement, le LIBOR est le taux - le prix - que payent les banques lorsqu'elles se prêtent mutuellement de l'argent, c'est-à-dire la matière première nécessaire à leur activité. Ce taux est calculé en fonction de ce qui se pratique dans un groupe de 18 banques, le «panel». Le LIBOR est donc une moyenne, calculée à partir de transactions réelles réalisées par ces 18 banques et après avoir éliminé les taux les plus bas et les taux plus élevés, pour éviter les anomalies.
Il est fixé par l'Association des Banquiers Britanniques tous les jours ouvrables à 11h45 à Londres. C'est en effet de la City que proviennent la plupart des mécanismes de référence : ce n'est pas de l'impérialisme. C'est dû au fait que c'est à Londres que sont nés les euromarchés. Le concept de LIBOR a d'autre part émigré et il existe un équivalent du LIBOR pour les principales devises. Ainsi, les emprunts en euros sont basés sur un EURIBOR qui, fort heureusement, est confié à un panel plus large (57 banques) et est donc moins susceptible de manipulation. Ce qui ne garantit en aucun cas son intégrité.
Le LIBOR, c'est le cœur de la finance : il sert de référence à de très nombreuses transactions : prêts à la consommation, épargne, swaps, crédits immobiliers… Au total, la valeur des produits indexés sur le LIBOR se chiffrerait à plus de 350 000 milliards d'euros selon le Financial Times.
Ce taux varie chaque jour en fonction de l'offre et de la demande de capitaux à court terme. C'est grâce à ce marché de l'argent au jour le jour que les établissements bancaires qui ont des problèmes de liquidité peuvent s'approvisionner auprès des établissements disposant, eux, de surplus. Les taux de ce marché interbancaire sont donc stratégiques puisqu'ils déterminent le taux de refinancement des banques, donc les taux auxquels elles accordent ensuite des crédits aux particuliers et aux entreprises. Il est donc étroitement lié au financement et au fonctionnement de l'un des plus grands marchés au monde : le marché interbancaire, dont la taille est estimée à 90 000 milliards de dollars.
Le marché des contrats de dettes indexés sur le LIBOR atteint 450 000 milliards de dollars (366 085 milliards d'euros). Ce taux est si important qu'un dispositif de remplacement est prévu à 150 kilomètres de la City, pour que le LIBOR continue d'être fixé quotidiennement en cas d'attentat ou de menace majeure. Enfin, le LIBOR n'est significatif que parce que les Trésoreries des banques gèrent des capitaux suffisamment importants pour que le taux soit représentatif.
Comprendre la fraude
Les banques de référence disposent d'une forme de pouvoir qui, même limité, peut avoir des effets considérables sur les coûts de financement des entreprises et des particuliers et permettre à ces banques de financer à de meilleurs taux que d'autres ou, plus simplement, camoufler leurs difficultés de financement. Pour ce faire, il suffit de disposer des données permettant aux professionnels chargés de fixer le LIBOR, de prendre connaissance de la position de la Trésorerie de leur banque : 1 point de base (0,01%) n'avait aucune importance lorsque le LIBOR était élevé. En période de taux bas, il est naturel de se préoccuper d'un point de base qui peut avoir des répercussions journalières sur les coûts de financement des dizaines des milliards de dollars qui viennent à échéance chaque jour. Le scandale dans lequel se débattent aujourd'hui une vingtaine de grandes banques tient à la manière opaque, mystérieuse, archaïque dont est calculé ce taux.
En effet, les défauts du dispositif sont patents. Fixés subjectivement et non objectivement par une autorité extérieure aux banques, ces taux postulent l'honnêteté des «fixeurs» et in fine l'autorégulation d'un système qui a longtemps fonctionné comme un club de gentlemen où la parole donnée faisait foi. La dérégulation du secteur bancaire et la rapacité des opérateurs ont changé la donne. Pour optimiser leurs opérations à terme, les traders ont cherché à convaincre les représentants de leur banque au «fixing» de modifier d'un dixième ou d'un centième de point le taux de référence. Comptec tenu des volumes des opérations, une faible différence peut générer des marges énormes.
Les dirigeants des banques ont eu la même tentation, le taux d'emprunt sur le marché interbancaire étant un indicateur de leur bilan, donc de leur santé financière. Des taux élevés supposent un besoin de capitaux, des taux bas postulent que les dites banques disposent de réserves substantielles. Il est maintenant établi qu'une quinzaine (au moins) d'établissements ont manipulé ces taux interbancaires de 2000 à 2009.La fraude porterait sur le LIBOR mais aussi sur l'EURIBOR. Certaines banques du panel, à commencer par la Barclays, ont menti sur les taux pratiqués, faussant donc le LIBOR.
Cette banque a commencé en 2005, pour des raisons qui restent à élucider. Il s'agirait d'une fraude pure et simple, visant à générer des taux favorables aux positions prises par ses traders.
La Barclays a agi (selon toute vraisemblance) au lendemain d'un coup de téléphone entre le patron de la banque, Bob Diamond, et le numéro deux de la Banque d'Angleterre, Paul Tucker. Interrogé par la commission d'enquête parlementaire, ce dernier a nié vigoureusement avoir conseillé à Barclays de tricher, comme un document interne à Barclays peut le laisser penser. Selon ce document, Tucker aurait déclaré à Diamond qu'il n'était «pas toujours nécessaire» que Barclays affiche des taux «aussi élevés».
Tout aussi édifiants sont les propos tenus par Jerry del Missier, ancien cadre de Barclays Bank, qui a admis avoir manipulé les taux LIBOR de sa société durant la crise de 2008. Mais il a déclaré l'avoir fait parce qu'«à l'époque, cela ne semblait pas être inapproprié, étant donné que cette (directive) provenait de la Banque d'Angleterre».
Mais elle n'est visiblement pas la seule banque du panel à avoir menti : l'enquête vise d'autres banques du cartel, qu'elles soient britanniques (Royal Bank of Scotland, Lloyds Bank…) allemande (Deutsche Bank…) américaines (Citigroup, JPMorgan Chase…), suisse (UBS)… en attendant d'éventuelles banques françaises. Ce sont les autorités de la City qui mènent actuellement l'enquête, avec une dizaine d'autorités de contrôle dont les françaises, allemandes, japonaises et américaines. Les conclusions sont tellement graves que l'on s'attend à ce que, d'un jour à l'autre, plusieurs traders et banques impliqués dans ce scandale soient poursuivis pénalement. Cette fraude est d'une telle gravité que plusieurs banques ont déjà renvoyé des traders peu scrupuleux qui avaient ainsi allègrement franchi la ligne rouge qui est supposée séparer les opérations de trésorerie de la fixation du LIBOR.
Comme dans le cas de notations frauduleuses des obligations représentatives des crédits subprime, certains traders avaient obtenu accès au système où les dirigeants de banques entraient leurs taux de référence et pouvaient les manipuler. Or cette manipulation du LIBOR a atteint des proportions inimaginables qu'il est difficile d'appréhender aujourd'hui.
Truquage et illusion de richesse
La manipulation des prix et la falsification des marchés sont une perversion, une corruption destructrice des signaux de marché qui permettent le fonctionnement du capitalisme. Plus les truqueurs sont libres d'agir, moins les marchés peuvent nourrir le dynamisme entrepreneurial. Pourtant, tragiquement, plus les truqueurs sont libres d'agir, plus ils arguent pour le besoin de truquages encore plus envahissants et extrêmes.
A en croire les décideurs étatsuniens et européens, se plaignait Bob Janjuah en février 2012, «il semblerait que la seule solution qu'ils puissent offrir soit de mal évaluer une fois encore le coût du capital, dans l'espoir que, une fois encore, grâce à l'augmentation de l'effet de levier et de la dette, nous soyons assez avides pour faire une mauvaise allocation de capital, ce qui mènera à son tour à une nouvelle série de bulles d'actifs. De telles bulles d'actifs sont censées nous faire croire que nous sommes ‘‘plus riches''. Quand - comme elles le font par définition - ces bulles éclatent, ceux qui auront été piégés réaliseront que leur ‘‘richesse'' est en fait une illusion, qui sera remplacée par le risque de faillite».
En fait, la richesse illusoire est déjà en train de partir en fumée. Selon la Fed, la crise financière, qui a commencé en 2007, a effacé près de deux décennies de richesse aux Etats-Unis. En d'autres termes, les interférences du gouvernement ont été un échec. Un échec construit sur l'illusion que le marché libre a besoin de plus d'attention et de médicaments qu'un patient de maison de retraite. Un échec construit sur une fraude : truquer les marchés leur permettrait de fonctionner plus efficacement. Et cette fraude repose quant à elle sur la vanité des décideurs qui prétendent savoir quels marchés manipuler, de quelle manière et jusqu'à quelle hauteur.
Doutes dans la stabilité du système bancaire
La confirmation d'une manipulation d'une telle ampleur, par les plus grandes banques, a pour conséquence directe l'accélération de la perte de confiance globale dans le système bancaire et financier mondial. Les événements de ces derniers mois (crise Européenne, cas de la Grèce, Espagne et de l'Italie) alimentaient déjà pourtant sérieusement les doutes dans la stabilité du système bancaire. Ce nouveau scandale a deux conséquences ayant des répercussions directes sur le marché de l'or et de l'argent.
1- Défiance supplémentaire envers le système bancaire entraînant un flux supplémentaire d'investissement vers les métaux précieux (or et argent physique).
2 – Début de prise de conscience globale que l'or, comme les taux d'intérêts, a pu être manipulé depuis des années.
L'or (comme les taux d'intérêts) reflète la valeur réelle de la monnaie, manipuler son cours permet de maintenir la confiance dans le système fiduciaire actuel et de permettre aux banques ayant d'importantes positions vendeuses sur les métaux précieux d'engranger facilement des profits. Des révélations sur la manipulation des marchés de l'or et de l'argent devraient apparaître assez rapidement vu le rythme d'effondrement du système financier actuel. Ce scandale s'accompagne d'autres événements récents qu'il est important de prendre en compte : nouvelle faillite d'un courtier en ligne. Après MF Global c'est au tour de PFGBest de faire faillite avec plus 200 Millions de dollars de fonds appartenant aux clients volatilisés. De défiance dans le système bancaire en défiance dans les institutions financières [courtiers exposants les clients au risque de défaut de contrepartie (faillite)], le mouvement de sortie de fonds du secteur financier vers les actifs tangibles se confirme car dans le contexte actuel détenir des investissements via des intermédiaires se révèle risqué.
Criminaliser la fraude bancaire ?
Les épisodes de 2005 et 2008 sont de nature différente. En 2005, on peut penser qu'il s'agit d'une fraude de Barclays - des traders demandant à leur trésorerie de fournir à la BBA (British bankers association) des estimations biaisées pour générer des mouvements de taux en leur faveur, voire d'autres banques, qui procèdent de même. Mais fin 2008, la crise venue, les banquiers ont tous besoin d'afficher un taux plus bas que le taux réel pratiqué pour accréditer leur bonne santé. Ces manipulations ne pouvaient qu'être issues d'une collusion entre banques partageant des intérêts communs. George Osborne, Chancelier de l'Echiquier, déclare que les faits révélés «sont symptomatiques d'un système financier qui a élevé la cupidité par-dessus tout autre considération et a mis notre économie à genoux», pour ajouter que «la fraude est un crime quand il s'agit des affaires ordinaires. Pourquoi devrait-il en être autrement quand il s'agit de la banque ?».
La fraude à la petite semaine chez Barclays, révélée dans les attendus du FSA (Financial Services Authority), le régulateur britannique, cessait d'être de la malhonnêteté ordinaire, pour apparaître comme l'un des révélateurs, parmi d'autres, d'un staff dirigeant arrogant, ne s'embarrassant pas de règles et arrangeant les affaires selon son bon plaisir, tout en ne maintenant que le minimum d'apparences nécessaires. Les banques risquent d'être sanctionnées par des amendes : les autorités américaine et britannique ont déjà infligé à la banque Barclays une amende de 350 millions d'euros. Les dirigeants des banques, eux, risquent la démission forcée s'il est prouvé qu'ils ont trempé dans ces manipulations. Mais au-delà ? Théoriquement, des poursuites pénales sont possibles puisque, un peu tardivement certes, le Serious Fraud Office britannique a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête criminelle. Mais il n'est pas certain que cette enquête débouchera sur des inculpations. Depuis le début de la crise de 2008, aucun patron de grande banque n'a encore été condamné au pénal, malgré les irrégularités qui ont été découvertes.
Conclusion :
«Certaines banques manipulaient le thermomètre et se débrouillaient pour qu'il n'indique jamais de fièvre», résume Rama Cont, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des marchés financiers. Si le LIBOR, censé être déterminé dans la transparence est faussé, cela signifie que l'ensemble de la finance mondiale repose sur des sables mouvants. Et que les bilans des banques et leurs comptes de résultats sont biaisés. Truquer le LIBOR revient donc un peu à truquer le nord magnétique... ou son équivalent moderne, le GPS. Toutes les boussoles du monde indiqueraient une erreur. Truquer les marchés est une fraude destructrice. Truquer un marché aussi influent que le LIBOR, c'est une fraude aux proportions épiques.
La Banque d'Angleterre aurait approuvé le truquage du LIBOR ! Les autorités qui manipulent les manipulateurs pensent probablement que leur traîtrise est conforme aux intérêts de la Couronne et de la Nation... et peut-être même de Goldman Sachs. Cette traîtrise met en évidence que le cœur du système financier est foncièrement corrompu. Il y a dans ce scandale de quoi conduire à la perte totale de confiance entre les acteurs du système. D'où le «risque systémique» évoqué par Michel Barnier. La question qui se pose maintenant est celle-ci : si la chute de la moins coupable des banques responsables du LIBOR a déjà provoqué un tel effondrement, à quoi faut-il s'attendre quand sera révélé le châtiment qui est promis aux autres ?


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