Quarante-deux familles, qui attendent depuis 2005 de disposer enfin de leur logement, risquent aujourd'hui de ne plus jamais les voir, pour la simple raison que le projet va être… abandonné. Initié en 2005 par l'Entreprise de promotion du logement familial (EPLF), le projet, en promotionnel, consistait à élever une tour de 14 étages à Bel Air, sur les hauteurs de Skikda. 42 familles avaient alors été retenues et ont même effectué, en décembre 2005, un premier versement, sans se soucier qu'elles allaient vivre la pire désillusion de leur vie. On les a fait d'abord patienter, et ce n'est qu'en 2007 que l'EPLF s'est manifestée, en promettant de livrer le projet avant la fin de l'année 2009. Le chantier est alors entamé et quatre étages ont enfin vu le jour. Puis, en 2010, tout s'arrêta et le chantier est délaissé. Depuis, silence radio. En dépit de leurs démarches, les propriétaires des logements n'auront jamais une réponse convaincante. «Plusieurs d'entre nous ont fini par recourir à la justice pour le préjudice moral et financier subi. On a l'impression qu'on cherche à nous accabler pour que nous abandonnions nos logements. Chercherait-on à en faire bénéficier d'autres personnes ? On se le;demande !», s'interroge un des bénéficiaires. D'autres évoquent une «destitution qui ne dit pas son nom», selon leurs termes. Approché, le nouveau directeur de l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), ex-EPLF, qui vient d'hériter de ce lourd dossier, laisse comprendre au départ qu'une solution sera trouvée. «Nous allons bientôt inviter l'ensemble de nos clients (les 42 acquéreurs-Ndlr-) pour discuter. Nous engagerons avec eux, à titre individuel ou collectif, des négociations. Nous aurons des solutions à leur proposer et nous étudierons aussi leurs éventuelles propositions.» Pour les motifs ayant conduit à l'arrêt du chantier, il dira : «Ce sont des soucis d'ordre technique en relation avec la nature du terrain.» Il a ajouté néanmoins que «l'entreprise a lancé cinq appels d'offres pour réengager le chantier, mais ils ont été infructueux». Quelles sont donc les raisons qui font fuir les entreprises d'un projet destiné pourtant à être juteux ? Si au niveau de l'ENPI le silence reste de mise, d'autres sources, très sûres, expliquent que lors de son initiation, en 2005 déjà, le projet avait été «vivement déconseillé» par le CTC. Alors, pourquoi s'était-on obstiné à engager les travaux et dans quel but ? «A l'époque, on n'avait pas pris en considération la nécessité d'implanter des pieux, chose sans laquelle personne ne voudra s'aventurer aujourd'hui à construire une tour de 14 étages qui risque de s'écrouler au moindre pépin», explique-t-on. Aujourd'hui, l'ossature squelettique de ce qui devait être la tour de Bel Air est là, à la merci des badauds, comme pour témoigner du gaspillage et du gâchis qui ont si longtemps caractérisé Skikda.