La manière avec laquelle a été délogé un habitant de l'exploitation agricole Talha Ali Becherchera de Baraki a suscité la colère des citoyens de cette « cité bidonville » qui ont bloqué, hier matin, le chemin de wilaya reliant El Harrach à Baraki. A l'origine de cette tension, un litige opposant les habitants de cette cité, dépourvue du minimum de conditions de vie, à un exploitant du domaine agricole Talha Ali Becherchera. Le premier à faire les frais de ce différend est Djerbal Amar, qui a été expulsé de sa maison par le propriétaire de l'exploitation agricole, accompagné d'un huissier de justice et de gendarmes. Hier, sur les lieux, la maison a été déjà démolie. L'ensemble des meubles et des effets vestimentaires de M. Djerbal étaient disposés en tas sur le sol. Sa femme, 70 ans, n'arrive pas à contenir sa colère : « On vit dans cette maison depuis l'époque coloniale et j'ai fait sept ans de guerre contre la France. Voilà notre récompense. C'est inadmissible. » Un autre habitant, la soixantaine, avoue qu'il est né dans cette cité. Pour ces habitants, leurs maisons, qui se confondent avec leur tendre enfance, sont intouchables par le propriétaire, d'autant plus que le domaine agricole est limité depuis des lustres par un tracé de barbelé. Le blocage, hier, de la route reliant El Harrach à Baraki a nécessité l'intervention de gendarmes et des autorités locales. La route a été libérée après des négociations. Une réunion devait regrouper hier le wali délégué avec les représentants de cette cité. Les habitants demandent, dans le cas de la démolition de leurs maisons, à être relogés, au moins, dans des chalets. Ils craignent que le même sort de M. Djerbal leur soit réservé. Forts du soutien de plus de 20 organisations de la société civile et du mouvement associatif de Baraki, les habitants de la cité Talha Ali Becherchera menacent, si le wali délégué ne prend pas en charge leur revendication, de réoccuper la route.