La tension reste vive dans cette localité et les habitants de la cité promettent des «actions d'envergure». Près de 6000 habitants de la cité Diar El Baraka, à Baraki, ont été «chassés» manu militari de leurs logements qu'ils occupaient depuis plusieurs années. «Nous ne quitterons pas nos maisons, et si les autorités locales persistent à penser qu'elles peuvent nous expulser par la force, alors elles devront nous tuer d'abord.» Voilà donc lancé le défi que 756 familles «proposent» à l'administration du logement de la wilaya d'Alger. Un millier de citoyens était regroupé autour de la cité Diar El Baraka, ex-Bengana, à Baraki, pour protester contre ce qu'ils qualifient de «mépris total» envers les habitants de la cité et «provocation irresponsable» de l'administration locale. Une pétition circulait, hier encore, de maison en maison. 756 responsables de famille y ont déjà apposé leur signature. La pétition, rédigée en langue arabe, exprime «l'indignation» des habitants de Diar El Baraka que disent être «outrés» par la démarche «irresponsable» des responsables locaux et des services de wilaya qui, «sans prévenir» personne, ont tenté un «coup de force» pour jeter les habitants hors de leurs maisons, pour les reloger dans des chalets de Bentalha. Cette procédure, dit la pétition, relève d'un «abus d'autorité» et un «manquement grave envers les droits des citoyens à être les premiers informés de décision les concernant». Dès jeudi matin, les «camions du déménagement» sont présents. Les habitants protestent et refusent de faire sortir leurs meubles. «Tenez, même le déménagement est payant, comme si c'était nous qui avions proposé de partir», ironise un habitant. Devant le refus de quitter leurs maisons, les autorités locales demandent une perquisition et la police vient à la rescousse. S'ensuit alors, au milieu des cris de jeunes enfants et de mères de famille, de jets de pierres et de tirs de sommation, un interminable vacarme qui menace de tourner à la confrontation directe. Des officiers de la Dgsn sont dépêchés sur les lieux et donnent des directives à la police anti-émeutes de concéder le terrain et de faire en sorte de calmer les tensions. Les jeunes émeutiers brûlent des pneus et la noire fumée finit par assombrir une journée déjà compromise. Cependant à 17 h, les tensions commencent à se calmer et les policiers retirent leur dispositif. Restait, toutefois, une vive tension, même hier, vendredi. Et une vague inquiétude des habitants mêlée à une colère incommensurable. «Ce ne sont pas des baraques, ni encore moins des gourbis qu'ils veulent raser, mais bien des maisons bâties avec du dur et qui ont résisté au séisme du 21 mai dernier». Nous entrons dans quelques maisons. Tout respire l'entretien. Certaines constructions datent de 1960 et ont été, donc, bien aménagées par leurs occupants. Un citoyen dit : «Ils ont terrorisé nos femmes et nos enfants, et les élus locaux, des gens du MRN, se sont cachés pour ne pas avoir à répondre à notre protestation». Un autre : «Les menteurs ! Ils ont affirmé vouloir nous loger à Bentalha, alors qu'à Bentalha, il n'y a que 250 chalets, et que nous sommes 756 familles. En fait, les camions qui ont été dépêchés pour nous ‘'évacuer'' avaient des ordres de mission pour Thénia et Reghaïa. On tient ça de la bouche même des chauffeurs. Les élus, les responsables locaux et l'administration des logements de la wilaya n'ont aucun scrupule à mentir et à abuser de la bonne foi de gens humbles en privant les premiers concernés de leurs droits de savoir de quoi retourne toute cette comédie de mauvais goût !» La cité El Baraka n'est ni un bidonville ni une ville bidon, mais bien une cité occupée par des petites gens qui demandent plus de respect et plus de considération de la part de responsables locaux qui ont à apprendre en matière de communication de proximité.