L'annonce faite par la haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, relative à la prochaine visite d'un groupe de travail sur les disparitions forcées en Algérie, a été bien accueillie par des organisations algériennes qui plaident pour l'examen en profondeur du dossier des disparus. En visite en Algérie pendant 3 jours, du 17 au 19 septembre, Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, a affirmé, lors de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qu'un groupe de travail sur les disparitions forcées viendrait en Algérie prochainement. Après des rencontres avec des officiels algériens – les présidents de l'Assemblée populaire nationale et du Sénat, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le président de la République, Abdelaziz Bouteflika –, Mme Pillay s'est entretenue avec des acteurs de la société civile. Son entrevue avec le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) avait été précédée d'un passage de ce dernier sur les ondes de la Radio nationale, où Farouk Ksentini a indiqué que «l'Algérie n'avait rien à cacher concernant les disparus et que le dossier est clos». Contactée hier, Nacéra Dutour, porte-parole de SOS Disparus, estime que «la venue en Algérie d'un groupe de travail sur les disparitions forcées est une victoire. C'est un pas en avant». «La demande des Nations unies a été formulée il y a plus de 10 ans», a-t-elle ajouté. Toutefois, Mme Dutour pense qu'«un rendement sérieux ne peut résulter que de l'indépendance totale du groupe de travail en question». Selon une source proche du dossier des disparus, la délégation officielle algérienne siégeant à Genève avait demandé, en 2010, au Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme d'«annuler toute demande pour visiter l'Algérie». «Les familles ont été indemnisées et personne ne veut en reparler» étaient les arguments avancés. Cependant, la partie onusienne répondait toujours par la négative et que tant que les proches des disparus demanderont la vérité, l'ONU n'occultera pas le sujet. De son côté, Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), admet que «la visite en Algérie du groupe de travail sur les disparitions forcées est une bonne chose». Et d'ajouter : «Il faut penser, en premier lieu, à régler le problème en Algérie, avec les forces vives internes.» Enfin, il est utile de rappeler que la visite de Mme Pillay en Algérie est la première d'un haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme. Mme Pillay, 71 ans, avocate sud-africaine, d'une famille indienne d'origine tamoule, a grandi dans un quartier pauvre de la banlieue de Durban ; elle est connue pour son combat contre l'apartheid.