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Les préoccupations de la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Liberté d'expression et d'association, lutte antiterroriste et disparitions forcées
J'ai des préoccupations par rapport aux questions de la liberté d'expression et d'association ; je suis également venue m'enquérir sur la question de la lutte antiterroriste et le respect des droits de l'homme, et je m'intéresse aussi à la question des personnes disparues.» C'est en ces termes que la haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, a exposé l'objet de sa visite de trois jours en Algérie. Lors d'un point de presse conjoint animé lundi soir, au jour de son arrivée, avec le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, Mme Pillay s'est dite surprise de constater que sa visite est la première du genre d'un haut-commissaire aux droits de l'homme en Algérie. «Je suis surprise, d'autant que l'Algérie est membre de l'ONU depuis 50 ans», dit-elle sur un ton d'étonnement qui ne cache pas une mise au point aux autorités algériennes. Interrogée sur la demande onusienne souffrant de refus par les autorités algériennes d'accepter la venue de rapporteurs spéciaux sur les disparitions forcées et la torture, Mme Pillay a souligné qu'elle a bien «suggéré au ministre des Affaires étrangères de satisfaire la demande de ces deux rapporteurs spéciaux sur les disparitions forcées et sur la torture, de même que celui chargé de la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste». Et d'annoncer avoir été ravie d'apprendre du même ministre qu'un groupe de travail sur les disparitions forcées sera autorisé à venir en Algérie afin d'examiner ce dossier qui, faut-il rappeler, souffre d'oubli, d'impunité et d'absence de vérité et de justice. Le rapporteur spécial sur les droits de réunion et d'association attend, lui aussi, une réponse des autorités algériennes à sa demande pour pouvoir venir en Algérie et voir de plus près les conditions difficiles dans lesquelles activent des ONG. Au mois de mai dernier, il avait exprimé ses craintes quant aux nouvelles dispositions comprises dans la loi sur les associations, leur imposant de nombreux contrôles et restrictions. Des préoccupations exprimées par la haut-commissaire elle-même, qui est appelée à en discuter avec les représentants d'associations aujourd'hui. Contre toute attente du ministre des Affaires étrangères, la haut-commissaire annonce qu'elle ne partira pas sans avoir rendu compte à la presse de ses impressions et de ses premières conclusions sur son actuelle visite. Rendez-vous est donc pris pour aujourd'hui, par la responsable onusienne afin de s'exprimer sur ses entrevues avec les hauts responsables de l'Etat et ses rencontres avec les représentants de la société civile. Mme Pillay, qui a été reçue hier par le Premier ministre et le président de l'Assemblée populaire nationale, a prévu aussi des rencontres avec les premiers responsables de la Cour suprême, du Conseil d'Etat, de la justice et de la Commission consultative pour la promotion des droits de l'homme. La haut-commissaire, qui avait affirmé vouloir discuter avec le maximum de personnes sur la situation des droits de l'homme en Algérie, s'entretiendra en outre, aujourd'hui, avant d'achever sa visite, avec les représentants de la société civile. Quiproquo sur le sort de l'otage Tahar Touati Evoquant, lors de son premier point de presse, la situation au Nord-Mali et en Syrie, Navi Pillay a estimé que seule une solution politique est à même de résoudre les conflits qui s'y déroulent. «Je profite de cette occasion et suite à l'assassinat de l'otage algérien au Mali, pour présenter ma solidarité à la famille de la victime», dit-elle avant d'être coupée net par Mourad Medelci. Ce dernier, visiblement très gêné, la regarde en disant : «Mais Madame, nous n'avons pas reçu toutes les informations qui nous permettent de confirmer cela. Nous sommes regardés par les familles…» Un moment de flottement suivra cette précision qui laissera perplexe l'assistance. A noter que les condoléances présentées par Mme Pillay ont quelque peu mis en doute les propos du ministre algérien, puisqu'elles suivaient la réponse de celui-ci à une question sur le sort de l'otage Tahar Touati dans laquelle il expliquait que les autorités algériennes ne sont toujours pas en mesure d'affirmer ou non l'information de son exécution. Dans sa réponse précédant les propos de compassion de Mme Pillay à la famille Touati, le chef de la diplomatie algérienne avait souligné qu'il n'y avait pas de preuves matérielles de la mort de l'otage algérien. Et de préciser : «Nous n'avons pas encore réuni toutes les informations qui nous permettent de confirmer cela», ajoutant : «Nous avons des informations régulières sur nos frères diplomates qui sont aujourd'hui détenus dans des conditions qui n'ont pas évolué depuis la prise d'otages… Nous continuons à nourrir l'espoir que notre collègue est en vie, mais nous n'excluons aucune hypothèse.»