La localité de Baïnem, dans la wilaya d'Alger, a connu, hier, une journée mouvementée. La mobilisation des défenseurs des droits de l'homme venus se solidariser avec les quatre militants poursuivis en justice pour «attroupement non armé», dont le procès a été ouvert hier au tribunal de Bab El Oued, a fait sortir cette localité de sa routine quotidienne. En effet, environ une centaine de personnes, dont des syndicalistes, des militants des droits de l'homme et de simples citoyens, ont improvisé une marche vers ledit tribunal avant d'organiser un rassemblement de soutien aux quatre jeunes qui comparaissaient devant le juge. Il s'agit du président du bureau de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Yacine Zaïd, du porte-parole du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC), Abdou Bendjoudi, du syndicaliste du Snapap, Lakhdar Bouzini, et du membre du Réseau pour la défense des libertés (RDL), Othmane Aouameur. Ouvert vers 14h, leur procès n'a duré qu'une vingtaine de minutes. La magistrate chargée de traiter le dossier a décidé de renvoyer l'affaire au parquet, pour la reprogrammer à une nouvelle date, estimant qu'«elle relève de la correctionnelle». «La section de la simple police du tribunal de Bab El Oued s'est déclarée incompétente pour statuer sur l'affaire», précise la juge. Les avocats des quatre militants, qui se sont constitués à titre volontaire, prennent acte de la décision de la juge. Pour Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, «l'affaire sera classée et les poursuites seront arrêtées». «L'affaire est renvoyée au parquet, certes, mais si la justice veut envenimer la situation, c'est aux autorités de prendre leurs responsabilités», affirme Amine Sidhoum, avocat représentant le Réseau des avocats pour la défense des droits de l'homme (RADDH). Pour Salah Dabouz, président du bureau de la LADDH d'Alger, «ce procès vise à faire peur à la jeunesse algérienne». «On veut dissuader la jeunesse pour qu'elle ne demande pas ses droits. Les quatre militants que nous défendons aujourd'hui (hier, ndlr) n'ont pas peur du pouvoir, mais le simple citoyen, lui, si», ajoute-t-il.