Un projet envisagé depuis très longtemps pour diversifier et enrichir le patrimoine des secteurs du tourisme et de l'environnement est sur le point d'être concrétisé pour faire des îles Habibas une destination nouvelle pour les touristes nationaux et étrangers, croit-on savoir auprès des responsables locaux et des services concernés. C'est une bonne nouvelle pour tous les amateurs de découvertes des faune et flore marines et surtout les chercheurs, curieux de savoir ce qui se passe dans ce gros caillou de 40 hectares, très mal connu. Pour les anciens, cette île - qui casse la perspective de l'horizon à partir de la baie dessinant les contours de la côte ouest d'Oran - est un endroit merveilleux et désert où les pêcheurs de crustacés et de grosses pièces de poissons s'y aventuraient en revenant avec des prises incroyables. Beaucoup se donnaient rendez-vous pour organiser des pique-niques durant la période estivale. Le temps d'un week-end, ils faisaient la navette à l'aide d'une embarcation légère et, en un délai très court, ils se retrouvaient dans ce site de farniente par excellence. Ceci appartient au passé. Bien plus tard, le site s'est fait connaître après le passage des célèbres marins et chercheurs comme le Commandant Cousteau, son équipe de plongeurs et son bateau laboratoire, La Calypso, qui ont sillonné les sites marins les plus en vue de la côte méditerranéenne. Pour les îles Habibas, le constat est décevant : les espèces, plus d'une centaine recensées, ont presque toutes disparu. La faute à qui ? C'est la pêche à la dynamite qui a détruit la faune sous-marine et fait fuir une grande partie des poissons qui y vivaient et s'y reproduisaient, déplorent d'anciens pêcheurs. On n'aperçoit plus ces dauphins qui se hasardaient près des côtes de Cap Falcon ; les langoustes, les cigales, les langoustines qui pullulaient aux abords de l'île sont devenues très rares et les grosses pièces, comme la daurade grise ou le mérou sont difficilement pêchées. Le projet d'aménagement du site naturel des îles Habibas pour en faire un nouveau produit touristique fait craindre le pire aux amoureux de la nature. C'est une démarche qui ne doit pas favoriser les actes de dégradation vécus actuellement au niveau du massif forestier de Aïn El Kerma, à l'ouest de Boutlélis, près du site pittoresque et merveilleux de Madegh. Il suffit de faire un tour, le temps d'un week-end, pour voir ce très beau paysage forestier d'eucalyptus transformé en un dépotoir après le passage des promeneurs qui laissent tous les restes des repas, sans compter ces bouteilles en plastique et ces canettes de boissons gazeuses et de bière et même les excréments qui enlaidissent les aires de repos. En contrebas, c'est la magnifique baie de Madegh, abritant une immense plage, qui subit en été une pollution sans précédent, avec ses milliers de baigneurs que les cars des transports collectifs déversent durant le week-end. Déjà, les dunes ont été rasées pour faire place aux parkings de stationnement des véhicules. Les sanitaires installés hâtivement ne répondent à aucune norme d'hygiène, déversant les eaux usées dans les eaux de baignade par la fosse septique. Pour toutes ces raisons, les responsables du secteur de l'environnement en charge de ce projet de réhabilitation des îles Habibas doivent mettre le temps qu'il faut pour ne pas faire de ce beau site une autre destination touristique et scientifique dans une démarche anarchique favorisant la naissance d'un paysage insalubre et infréquentable.