La résidence universitaire mixte d'Aamriw est l'une des neuf résidences de la wilaya de Béjaïa qui ont suivi le mouvement de grève du Syndicat des travailleurs des œuvres universitaires et de la Pédagogie, depuis le 23 septembre dernier. Le SG de la section syndicale (UGTA) de cette cité, Oubnat Abdelghani, espère que ce débrayage va apporter, enfin, une amélioration du cadre socioprofessionnel. -Comment évaluez-vous votre mouvement de protestation? Nous avons entamé un mouvement de grève déjà le mois de mai dernier. Depuis, nous avons fait des actions et donné le temps à la tutelle pour une réponse, le minimum favorable pour le premier pas. Apparemment, personne ne veut nous écouter et nous avons décidé la poursuite de notre combat. Après la rentrée universitaire, nous avons essayé de nous remobiliser, et c'est un acquis, car on a réuni les syndicats de 23 wilayas. Notre mouvement de grève qui avait au début un aspect régional a pris désormais une envergure nationale. Dans certaines wilayas, d'autres syndicats comme le SNAPAP se sont solidarisés avec nous et nous en sommes très heureux car nous avons les mêmes revendications. À Béjaïa, toutes les résidences universitaires ont suivi le mot d'ordre de grève sauf celle de Targua Ouzemmour où ils n'ont pas renouvelé leur section syndicale. Ils sont, toutefois solidaires avec nous et nous ne les oublions pas. -Quels sont les services touchés par la grève ? Ce sont les services-clés des résidences, comme l'hébergement, la restauration, le transport, pour ne citer que ceux-là. On doit atteindre notre objectif, on cherche nos droits. On n'a pas demandé l'impossible. Les étudiants se sont montrés très compréhensifs envers notre action. Au niveau de notre résidence, il s'agit de 130 employés qui exercent dans des conditions insupportables, et nous avons plus de 800 étudiants qui doivent être pris en charge dans des conditions meilleures. On est vraiment conscient que c'est une grande responsabilité. On espère qu'il n'y aura pas de dérapages et que la question sera réglée dans les plus brefs délais. -Quelles sont vos revendications principales ? Parmi nos revendications principales, la «permanisation» des contractuels et des vacataires et l'augmentation des salaires, certaines indemnités incluses. Il faut savoir que nous avons des salariés qui touchent entre 11000 et 13000 DA. On demande l'amélioration des salaires et du cadre du travail afin que le travailleur ait une volonté de travailler. -Les étudiants ont dénoncé la situation lamentable dans laquelle se trouvent les œuvres universitaires. Pensez-vous que l'amélioration des conditions de travail des employés peut apporter une amélioration de la gestion des œuvres universitaires ? Je le pense effectivement. Nos employés travaillent dans des conditions lamentables, la plupart n'ont plus envie de rejoindre leur travail. Ce qui influe bien sûr sur les résultats et le rendement du travailleur. Une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs ne pourra qu'influer positivement sur la prise en charge sociale des étudiants. Nous sommes le deuxième parent des étudiants, on partage les mêmes conditions. -Avez-vous eu des contacts avec les responsables de l'université de Béjaïa depuis le début de la grève ? La semaine précédant le déclenchement de notre grève, une réunion a eu lieu entre le conseil du ministre de l'Enseignement Supérieur avec les recteurs des universités sur la rentrée universitaire avec la participation de notre fédération. Le ministre avait ordonné aux recteurs de réunir les partenaires sociaux des universités et le Directeur des œuvres U pour nous expliquer la décision prise durant cette rencontre. Mais le procès-verbal de la réunion avec le ministre ne nous a pas satisfait. Les points abordés dans ce PV n'ont pas touché au noyau de nos revendications. Ils sont hors sujet. On a désigné une cellule nationale représentant les employés des œuvres universitaires et la pédagogie pour discuter avec le ministère. En attendant la grève continue.