Les rebelles syriens se sont distingués, hier, en commettant un triple attentat. Le régime de Bachar Al Assad a, apparaît-il, enterré l'Armée syrienne libre (ASL) un peu trop vite. Bien que considérablement affaiblis à Damas, les opposants syriens ont, à tout le moins, prouvé hier qu'ils conservent un important degré de nuisance et qu'ils sont capables de rendre coup pour coup, notamment dans le nord de la Syrie où l'ASL – aidée par les groupes jihadistes envoyés (ou financés) par la Libye, le Qatar et l'Arabie Saoudite – bénéficie d'un appui logistique arabe et occidental non négligeable. Pour démentir l'idée qu'ils sont en difficulté ou en perte de vitesse comme l'avait laissé entendre la veille le journal gouvernemental Al Watan, les rebelles syriens se sont distingués, hier, en commettant un triple attentat à la voiture piégée au centre d'Alep, ville âprement disputée ces deux derniers mois par les deux belligérants et aujourd'hui transformé en chaos. Bilan de l'attaque : au moins 50 personnes tuées et des dizaines d'autres blessées et des dégâts matériels considérables. Les victimes sont en majorité des militaires. «Les explosions ont visé un club d'officiers et des barrages de l'armée régulière», s'est empressé d'annoncer l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui soutient la révolte contre le régime de Damas. Ces attentats n'avaient pas été revendiqués en début d'après-midi. Deux voitures ont d'abord explosé à une minute d'intervalle dans deux rues proches du club des officiers donnant sur la célèbre place Saâdallah Al Jabiri du centre-ville, a affirmé une source militaire à la presse. Une troisième a explosé à 150 mètres de la place, à l'entrée de la vieille ville, théâtre d'âpres combats le week-end dernier. Les deux premières explosions ont eu lieu après des affrontements entre des rebelles et gardes du club des officiers, selon l'OSDH. La télévision officielle Al Ikhbariya a, de son côté, parlé d'attentats «terroristes». Elle a diffusé des images d'énormes destructions sur la place, avec deux immeubles totalement effondrés et des cadavres recouverts de débris. Dans le même temps, les forces gouvernementales menaient, selon de nombreuses agences de presses occidentales, une offensive majeure à Damas. Les banlieues de Qoudssaya et d'Al Hama, deux bastions rebelles de l'ASL, ont été «bombardées par les chars de l'armée qui mène par ailleurs des arrestations et des perquisitions dans les environs», selon l'OSDH. Au moins quatre accès à la capitale à partir de Doummar étaient coupés, selon des journalistes se trouvant sur place. Le quotidien officiel Al Baas a annoncé mardi la fin prochaine des opérations de sécurité dans l'ensemble de la province de Damas. Au plan diplomatique, aucune issue au conflit n'est pour le moment en vue en raison des profondes divisions de la communauté internationale. La fracture oppose depuis des mois l'Occident au couple sino-russe. Le premier réclame un départ immédiat du président Assad alors que le second a averti qu'il ne cautionnera pas un nouveau cas d'«ingérence». C'est dans ce contexte extrêmement tendu que le médiateur international Lakhdar Brahimi doit retourner dans la région cette semaine dans l'espoir d'obtenir une réduction des violences. Au vu de la situation sur le terrain, autant dire qu'il s'agira pour lui d'une mission impossible.