Six membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) sont en grève de la faim pour protester contre les agissements du gouverneur de Sidi Bouzid dont ils exigent l'éviction. Tunis (Tunisie) De notre correspondant L'appel à la grève de la faim a été initialement lancé lundi dernier en réaction aux répressions violentes du gouverneur de Sidi Bouzid à l'encontre des manifestations de citoyens revendiquant l'amélioration de leurs conditions de vie. «Le nombre d'arrestations avoisinait les 40 dans la petite localité d'El Omrane, aux environs de Sidi Bouzid, soit presque le dixième de la population de 500 habitants, sans parler des hospitalisés et des blessés», s'indigne le membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), Ahmed Khaskhoussi, qui est à l'origine de cette grève de la faim. Tous les députés de Sidi Bouzid, hormis les deux du parti islamique d'Ennahda, reprochent au gouverneur de les avoir induits en erreur. «Il y a eu pourtant entente entre nous, les membres de l'ANC et le gouverneur de se concerter à chaque fois que la tension sociale monte pour éviter la confrontation. Suite aux premiers incidents de février dernier, nous avons convenu de l'aider à calmer cette région en effervescence et il a accepté. Mais voilà qu'il donne l'ordre d'intervenir férocement contre les habitants de la petite localité d'El Omrane», affirme le secrétaire général du parti Chaâb (peuple) et membre de l'ANC, Mohamed Brahmi. «Et comme le gouvernement n'en fait qu'à sa tête, nous avons décidé de faire cette grève de la faim pour attirer l'attention des autorités et de l'opinion publique», poursuit-il. Divergences Ils sont finalement six députés qui poursuivaient, hier, la grève de la faim à l'ANC : trois députés d'El Aridha (Mohamed Hamedi, Rym Thaïri et Fayza Kedoussi), un du MDS (Ahmed Khaskhoussi), un du parti Chaâb (Mohamed Brahmi) et un autre du PCOT (Ahmed Essaffi). Leur mouvement a suscité un malaise au sein des membres de la troïka gouvernante. «La situation ne nécessite pas une pareille réaction d'extrême impuissance», réagit le président du bloc d'Ennahda à l'ANC, Sahbi Attigue. «C'est une tentative de faire davantage pression sur le gouvernement», soutient-il. Réagissant à l'interdiction qu'il lui a été signifiée par les forces de l'ordre de ne pas rejoindre le soir les locaux de l'Assemblée nationale constituante pour poursuivre sa grève de la faim, le membre du parti ouvrier tunisien, Ahmed Essaffi, a dû contacter les hautes sphères politiques pour «obtenir l'autorisation de passer la nuit à l'intérieur de l'ANC, auprès de ses cinq collègues grévistes de la faim». «La présidence de la République et celle de l'ANC se renvoient les accusations sur l'origine de cette interdiction», explique-t-il.