La contestation reprend de manière intense en Tunisie. A Sidi Bouzid, localité considérée comme berceau de la révolution tunisienne, des centaines de personnes ont manifesté lundi. Elles réclamaient la libération d'autres manifestants arrêtés la semaine dernière et protestaient contre le chômage qui gangrène la région. Parallèlement, à Tunis, trois députés de Sidi Bouzid ont entamé une grève de la faim au siège de l'assemblée nationale constituante pour soutenir les revendications de la région. La colère a également gagné la région limitrophe de Kasserine dans le centre-ouest, où une grève générale a paralysé la localité de Laâyoune contre l'exclusion et le chômage, qui touche 50 % de la population locale. À Sidi Bouzid, les manifestants ont défilé dans le centre-ville avant de se rassembler face au siège du gouvernorat, criant des slogans contre les islamistes au pouvoir et réclamant la démission du gouverneur. Une grande partie des enseignants du secondaire ont refusé de travailler, un de leur collègue faisant partie des manifestants dont ils réclament la libération. Douze personnes avaient été arrêtées mercredi 26 septembre après plusieurs jours de protestation contre le chômage et la précarité. De nouvelles interpellations s'étaient produites le lendemain. Une grève générale avait déjà été observée, samedi 29 septembre, dans la localité de Menzel Bouzaïane, dans cette même région, pour la libération des manifestants. Les trois députés en grève de la faim, Mohamed Brahimi, Ahmed Khaskhoussi et Tahar El-Ilah, ont exigé, eux aussi, dans un communiqué la libération des personnes interpellées, l'arrêt des poursuites contre les manifestants et le limogeage du gouverneur de Sidi Bouzid. La région de Sidi Bouzid pauvre compte près de 12 000 diplômés chômeurs. Ses habitants accusent le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha d'ignorer les revendications populaires, en particulier la création d'emplois. Dans la même région du centre-ouest, à Laâyoune, des habitants ont défilé à l'appel de syndicats, d'ONG et de partis politiques pour dénoncer l'exclusion, le chômage et la pauvreté. «Laâyoune a été marginalisée à toutes les époques et par tous les régimes, les précédents comme l'actuel», a déclaré Ounaies Laabidi, un dirigeant syndical. Cette localité se situe à 30 km environ de Kasserine, chef-lieu d'une région montagneuse qui a payé un lourd tribut au soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011.