Les rebelles syriens se sont emparés hier d'un village frontalier avec la Turquie après des affrontements meurtriers avec les forces du régime, dont des tirs ont de nouveau touché le territoire turc, déclenchant une riposte immédiate d'Ankara. Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar Al Assad qui s'est transformée en guerre civile au fil des mois, l'armée syrienne a perdu de larges secteurs du nord du pays le long de la frontière avec la Turquie qui sont tenus par les insurgés dans l'Ouest ou qui sont sous le contrôle des Kurdes dans l'Est. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les rebelles ont pris hier le contrôle de Khirbet Al Joz, dans la province d'Idleb (nord-ouest), à 2 km de la frontière avec la Turquie, un pays qui soutient les insurgés syriens. Les combats entre rebelles et soldats, qui ont fait 25 morts dans les rangs de l'armée, se poursuivaient en début d'après-midi aux alentours de ce village totalement déserté de ses 4 à 6000 habitants qui ont trouvé refuge en Turquie, a indiqué cette organisation basée en Grande-Bretagne qui se base sur un large réseau de militants dans le pays. C'est depuis cette même localité que l'armée syrienne a tiré un obus de canon visant des rebelles déployés à la frontière et qui est tombé en Turquie, sans faire de victime.Cet incident a cependant déclenché un tir de représailles de l'armée turque, a indiqué le gouvernorat de la province turque de Hatay (sud-est). L'obus syrien a atterri sur un terrain vague à 50 m de la frontière et 700 m du village turc de Güveççi. L'armée turque a riposté par quatre salves de mortier. Depuis le grave incident survenu mercredi qui a coûté la vie à cinq civils turcs dans un autre village frontalier, la Turquie répond systématiquement par des tirs d'artillerie aux tirs syriens touchant son territoire, accentuant les tensions entre Damas et Ankara, et ravivant les craintes d'une propagation du conflit syrien. Apparition publique d'Al Assad Alors que les violences font rage dans le pays où plus de 31 000 personnes dont une majorité de civils ont péri en près de 19 mois, le président Bachar Al Assad a effectué une rare apparition en public samedi matin à Damas, selon les médias officiels syriens. La télévision l'a montré serrant la main de hauts responsables militaires et civils et embrassant des fillettes devant un monument aux morts commémorant la guerre contre Israël d'octobre 1973. Toujours dans la capitale, les forces de sécurité étaient déployées en nombre dans le quartier de Mouhajirine (nord) et perquisitionnaient maison par maison, selon l'OSDH. Ailleurs dans le pays, l'armée a continué à bombarder des fiefs rebelles, notamment à Alep et dans la province de Homs (centre), selon l'OSDH. Dans la ville même de Homs, la troisième de Syrie, le pilonnage du quartier rebelle de Khaldiyé s'est poursuivi, et des affrontements ont éclaté lorsque l'armée a tenté d'entrer dans plusieurs zones tenues par les insurgés. Les violences à travers le pays ont fait 75 morts hier, dont 38 soldats, 25 rebelles et 12 civils, selon l'OSDH. La Russie, autre soutien international de Damas, a livré hier 24 tonnes de médicaments et de matériel médical à la Syrie, selon l'agence Sana. A Malte, le sommet des 5+5 réunissant cinq pays arabes (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) et cinq pays européens a condamné vivement «les crimes odieux commis par les forces gouvernementales syriennes et ses milices, et toute violence d'où qu'elle provienne», dans sa déclaration finale.