Les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) ont tenu, hier matin, un rassemblement au siège de la centrale syndicale. «C'est une protestation travailliste», commente Djamel, un syndicaliste licencié après 23 ans de service au sein de l'Etusa. Dans l'après-midi, les travailleurs se sont introduits de force dans les locaux de la direction générale de l'Etusa, à Belcourt. Ils ne comptent pas quitter les lieux avant d'avoir une réponse convaincante. «Ce sont les policiers qui négocient avec nous pour trouver un terrain d'entente», déclare un syndicaliste contacté par téléphone, qui se montre peu optimiste pour la médiation de la police. Le service minimum est assuré pour le transport par bus et tramway. Les protestataires menacent d'élargir le mouvement au cas où il n'y aurait pas d'issue favorable à leurs doléances. Conducteurs et receveurs du tramway, conducteurs de bus, cadres et même retraités de cette entreprise publique ont tous tenu à exprimer leur ras-le-bol face à l'attitude de l'administration, qu'ils qualifient d'«injuste». Ils dénoncent l'abus de pouvoir et le favoritisme. Les travailleurs de l'Etusa contestent, également, l'attitude du secrétaire général de leur syndicat qui, d'après eux, ne se soucie guère de la situation des travailleurs. Ils réclament une enquête sur la gestion de leur entreprise. «Où est passé l'argent des œuvres sociales ?», s'interrogent ces travailleurs. «Le salaire de base de l'ancien receveur ne dépasse pas 13 000 DA», dénonce le doyen des receveurs de l'Etusa. Dans une correspondance, dont des copies ont été adressées à l'inspection du travail, au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et à la centrale syndicale, les travailleurs de l'Etusa demandent l'intervention de ces instances afin que l'administration applique, avec effet rétroactif, le contenu de la convention collective de l'Etusa promulguée et signée depuis 1997. Ainsi, la décision de la direction générale, datant du 24 janvier dernier, reconnaît dans son article 1 le salaire minimum national garanti (SNMG) à 18 000 DA. «La présente décision prend effet à compter du 1er janvier 2012», souligne l'article 2 de la décision de la direction générale. Dans la réalité, le bulletin de paie du mois de septembre dernier d'un agent d'entretien révèle un écart énorme entre les lois et leur application. Le salaire de base de cet agent, répondant aux initiales de M. H., est fixé à 10 869 DA. Sa fiche de paie indique que cet agent a intégré l'Etusa le 15 mai 2005. En 2012, M. H. est toujours sans numéro de sécurité sociale. Ce n'est pas un cas isolé. De nombreux travailleurs, rencontrés hier à la Maison du peuple, déplorent la non-déclaration à la Sécurité sociale. Pourtant, sur leur fiche de paie figurent les retenues relatives à l'IRG, à la retraite, au décès ainsi que les retenues pour la Caisse des œuvres sociales. Un comptable de l'Etusa révèle que même les travailleurs ayant un CDD sont concernés par ces retenues pour les œuvres sociales : «Lorsque l'administration met fin à leur contrat, ces fonctionnaires ne sont pas remboursés.» Même son de cloche du côté des travailleurs transférés au tramway.