La grève illimitée à laquelle menacent de recourir les représentants des travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) semble prendre forme. En effet, si aucun consensus n'est trouvé (hier lundi) avec le bureau du syndicat de l'entreprise et aujourd'hui lors d'une rencontre programmée avec le directeur général de l'Etusa, «un préavis de grève illimitée sera déposé auprès de qui de droit.» Cette annonce nous a été faite par le secrétaire général du syndicat de l'Etusa, Abid Bouteba, joint hier par téléphone. Notre interlocuteur n'a pas caché la grogne qui s'est emparée des travailleurs qui se disent «fortement lésés» dans la participation au capital de la Société mixte d'Exploitation du Tramway Setram. La part revenant à l'Etusa, s'établit, selon lui, à 30%, lesquels seront détenus par l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA), 49% à l'opérateur étranger, par le biais de la filiale algérienne de la Ratp (Régie autonome des transports parisiens). Celle-ci devient ainsi le principal actionnaire de Setram laissant, regrette-t-il amèrement, seulement une part minoritaire de 21% à l'Etusa. Bouteba a exprimé sa forte indignation de voir la société étrangère (Ratp) se retrouver actionnaire majoritaire de la Setram. Traduisant le courroux des travailleurs, il s'est exclamé: «Comment peut-on accepter cette part incongrue qui revient à l'Etusa alors que ses employés, appelés en urgence par les pouvoirs publics, ont travaillé jour et nuit en fournissant beaucoup d'efforts pour le lancement du tramway?» Confiant, il dira que de toute façon cette décision risque d'être «nulle et non avenue» du moment que le comité de participation ne s'est pas prononcé à ce sujet. Il faut savoir qu'à «aucun moment, les représentants des travailleurs n'ont été associés à la prise de cette décision». Il a rappelé que les conducteurs et les régulateurs du réseau ont été formés par la société Alstom basée en France. L'Etusa a pour sa part, formé les agents de sécurité et les agents du réseau commercial et ses agents ont été «les premiers à prendre en charge l'exploitation de la ligne de tramway. Nous exigeons la révision de cet accord. L'Etusa doit être l'actionnaire principal. Nous exigeons d'avoir 51% du capital de la Setram», a récemment déclaré Bouteba à la presse. Ce sont en fait trois points majeurs qui composent les revendications des travailleurs de l'Etusa. Hormis cette remise en cause de la part minoritaire dans le capital de la Setram, Bouteba a cité deux autres points litigieux. Ils concernent, pour le premier, «une augmentation des salaires de 30 ou 40%, qui doit être négociée autour d'une table» tandis que le second est relatif à une révision de la convention collective signée en 1997, devenue obsolète depuis, appuie-t-il. «Nous sommes en mesure de bloquer tous les transports en commun de la capitale. Si cette grève illimitée est déclenchée, le tramway, les bus et les téléphériques seront paralysés.»