Lésés par l'abus de la hiérarchie, 2700 travailleurs tirent la sonnette d'alarme pour annoncer une grève générale. Les travailleurs de l'Etusa (Etablissement public de transport urbain et suburbain Alger), entreprise qui compte environ 2700 employés, montent au créneau. Ils ont donné un préavis de grève à la tutelle, du 26 avril au 2 mai prochain. «Nous leurs avons donné une semaine de préavis. Au cas où nos revendications ne sont pas satisfaites, nous passerons à une grève illimitée», a indiqué un membre du syndicat de l'Etusa. La grève concernera les travailleurs des unités de l'exploitation et ceux du tramway, a-t-on indiqué. Par ailleurs, il y a lieu de souligner la division de ce syndicat, il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la direction. Déposé le 25 avril dernier à la direction générale de l'Etusa, à l'inspection du travail, au ministère des Transports et au ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale, la majorité des syndicalistes et des employés ont soutenu cette grève. Réuni les 4 et 19 avril, le syndicat de l'Etusa regrette la situation sociale et professionnelle qui prévaut au sein de l'entreprise. «Nous demandons l'application non restrictive du contenu de la convention collective qui a été promulguée depuis le 1er août 1997. Cette convention n'a pas été appliquée jusqu'à présent», lit-on dans le document qui a été transmis à la tutelle. Des bulletins de paie des employés nous ont été montrés et qui indiquent une défaillance flagrante en matière d'application du Snmg (Salaire national minimum garanti), et ce, malgré le caractère public du statut de cet établissement. «Regardez ma fiche de paie. J'ai 32 ans de service, et je ne gagne que 14.000 DA/mois comme salaire de base. Mon salaire net est de 30.500,00 DA», déplore cet employé pourtant cadre et père de 4 enfants. Un autre cas plus compliqué encore. «Mon salaire de base est de 11.800 DA. Le net et de 25.000 DA, avec toutes les indemnités après 32 ans de service». Un autre agent, père de deux enfants, ajoute qu'il touche un salaire de 20.000 DA, et paie un loyer à 15.000DA/mois. «Comment voulez-vous faire face à cette situation, en plus des menaces de licenciement et autres intimidations quotidiennes?» s'est interrogé Kamel L., révolté contre cette injustice. Au-delà de ces «salaires de misère», les syndicalistes qui ont osé parler des droits et de la dignité des travailleurs, ont reçu des mises en demeure, sans compter les intimidations et les pressions qui ont été exercées à l'encontre de tous ceux qui osent parler... Craignant les conséquences d'une grève générale qui s'annonce, la direction générale de l'Etusa a réagi le même jour de la réception du préavis du grève, afin de calmer les esprits. Dans un message adressé aux travailleurs, le 25 avril dernier, il est question des promesses qui ont été données pour améliorer la situation des travailleur, à savoir la révision de la convention collective, le règlement de la situation des agents à compter du 29 avril prochain, la mise en place d'un profil de carrière, la régularisation des agents contractuels à partir du mois de mai prochain, et «toutes les situations seront traitées au cas par cas», selon le directeur général de l'Etusa qui a signé le document en question. Contacté par téléphone, un cadre gestionnaire de l'Etusa a confirmé l'information d'une grève des travailleurs, tout en niant l'information faisant foi que la loi sur la grille des salaires (Snmg) est appliquée conformément à la loi», selon ce cadre. «Nous allons réunir toutes les sections syndicales dimanche prochain, afin de trouver une solution durable et qui va dans l'intérêt général de l'entreprise», a-t-il rassuré.