Le gouvernement veut dissiper le flou qui entoure la problématique liée à la réintégration des « gens impliqués dans la tragédie nationale », pour reprendre le lexique officiel. Le conseil de gouvernement, qui s'est réuni, hier, a, selon l'APS, « examiné et avalisé un projet de décret présidentiel fixant les modalités de réintégration ou d'indemnisation des personnes ayant fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale, présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux ». Cette question énoncée, de façon presque équivoque, dans l'article 25 (troisième chapitre) de l'ordonnance n°06-01 du 27 février 2006 portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, a ouvert la porte à toutes les supputations, aussi diverses que contradictoires. Cet article stipule : « Quiconque qui, pour des faits liés à la tragédie nationale, a fait l'objet de mesures administratives de licenciement, décrétées par l'Etat dans le cadre des missions qui lui sont imparties, a droit, dans le cadre de la législation en vigueur, à la réintégration dans le monde du travail ou, le cas échéant, à une indemnisation versée par l'Etat. Les modalités d'application du présent article sont précisées par voie réglementaire. » Au lendemain de la publication des dispositions de la charte, dans le Journal officiel, Mme Leila Aslaoui a publié, dans les colonnes d'un confrère, une réflexion d'une pénétrante lucidité. « ... La période passée dans les maquis islamistes, a-t-elle écrit, ne serait plus un ‘‘abandon de poste'' justifiant le licenciement, mais une ‘‘pause'', ou quelques années sabbatiques ! Ces remarques sont applicables à ceux qui ont été de par le passé (1992-1993) licenciés pour activités subversives sur les lieux du travail. » Cependant, le gouvernement, dans son communiqué officiel, n'a pas précisé les modalités et les conditions de réintégration des concernés dans leurs anciens postes de travail. « Ceux qui avaient appelé au djihad n'auront plus la tribune des mosquées », a déclaré le chef du gouvernement, lors de sa dernière conférence de presse. Il a précisé que ceux qui occupaient des « postes sensibles » ne seront pas réintégrés. Il s'agit principalement des imams et des enseignants, en plus, bien entendu, des militaires et des agents des services de sécurité qui ont été radiés. « Ce projet de décret présidentiel, qui constitue le dernier texte réglementaire attendu dans le cadre de la mise en œuvre de la charte en l'objet, sera soumis au prochain Conseil des ministres », est-il indiqué dans le communiqué du gouvernement.