Trouver aujourd'hui, un maçon, un plâtrier, un carreleur, un simple manœuvre, un serveur de restaurant ou de café, est très difficile ou relève carrément de l'impossible. Situation paradoxale et inquiétante. Alors que le nombre de jeunes qui sont au chômage a atteint des proportions alarmantes, des entreprises de bâtiments, des auto-constructeurs, les cafetiers, les restaurateurs…etc. peinent à trouver le plus petit ouvrier pour les chantiers de construction ou les établissements de consommation. En effet, trouver aujourd'hui, un maçon, un plâtrier, un carreleur, un simple manœuvre, un serveur de restaurant ou de café, est très difficile ou relève carrément de l'impossible. Très souvent, il faut attendre plusieurs semaines pour dénicher cet oiseau rare dont il faudra tant de bienséance pour le garder. A Bouzeguène et ailleurs, certains chantiers sont depuis des semaines à l'arrêt en raison du manque de main-d'œuvre. «J'ai cherché partout un maçon, je n'en ai pas trouvé. Il a fallu que je me déplace à Bejaia pour ramener une équipe de manœuvres et deux maçons. Je leur ai même loué un garage pour les héberger», nous a appris un promoteur immobilier qui ne sait plus comment lancer d'autres chantiers toujours en veilleuse. Les maçons et les manouvres qui activent, (environ 30%) ne peuvent pas quitter leurs chantiers. Les entrepreneurs les retiennent en renchérissant leurs salaires et même en leur accordant des primes, en fin de projet. Un cafetier nous fait part de son dépit de ne pas trouver un ouvrier sérieux et travailleur. «Après 2 à 3 jours de travail, ils viennent réclamer leur dû et quittent sans préavis», nous a dit un cafetier du chef lieu de la commune de Bouzeguène. Pour pallier à ce manque d'ouvrier, le cafetier fait à la fois le comptoir et le serveur. Souvent les consommateurs viennent commander leur café au comptoir pour aller ensuite s'assoir. Pourtant, des dizaines de jeunes de moins de quarante ans, forts et en bonne santé, sont, à longueur de journée, assis sur des pierres, le long du trottoir. Ils ont carrément usé leurs pantalons à force de les frotter. Du café à la rue, les habitudes se perpétuent dans une cruelle litanie. Ce qui caractérise aujourd'hui, les communes de la wilaya de Tizi Ouzou, c'est l'invasion d'une autre main-d'œuvre, bon marché, «importée» des villes limitrophes telles Bejaia, Bordj Bou Arreridj, Kherrata, Mansoura (BBA), Sétif, Amoucha,.. Quand ils arrivent, ils acceptent de travailler pour moins qu'un ouvrier de la région ; une façon d'occuper le terrain et de s'intégrer. Un maçon travaille, moins de huit heures journellement (petit déjeuner, déjeuner et parfois aussi, le goutter compris), et il est payé à 1400 dinars par jour. Le manœuvre, lui, fait 700 dinars/jours. Un promoteur immobilier de la région a juré qu'il ferait appel à des chinois pour relancer ces différents chantiers à l'arrêt ou fonctionnant au ralenti. «Je suis constamment à la recherche d'ouvriers. Ils refusent de travailler ou veulent travailler une à deux heures par jour seulement et bien payés. Je leur ai proposé des augmentations s'ils me font un travail satisfaisant, ils riaient sur moi». Aujourd'hui, ce sont les jeunes filles qui accaparent tous les secteurs d'activité et pour des rémunérations minables. Malheureusement elles ne peuvent pas travailler dans les chantiers de construction. Naguère on parlait de femmes au foyer, aujourd'hui, ce sont les hommes au foyer qui font légion. C'est triste !