Le Front de libération nationale (FLN) s'enlise de plus en plus dans sa crise au lendemain du dépôt des listes de candidatures en prévision des élections locales du 29 novembre prochain. Après de graves incidents à M'sila où le siège de la mouhafadha (section de wilaya) a été incendié, les manifestations qui ont eu lieu à Boumerdès, dans la localité de Khemis El Khechna, où des militants du FLN sont sortis dans la rue pour exprimer leur désapprobation des listes imposées d'«en haut» et avec la complicité du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, c'est au tour de la mouhafadha de Souk Ahras de se rebeller et de divulguer «les magouilles» d'un membre important du bureau politique, en l'occurrence le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, signé par trois sections locales (kasmas), les militants du FLN indiquent que les listes acceptées sont autres que celles confectionnées dans la légalité par les structures du parti. Etonnés de voir les candidatures officielles rejetées par l'administration, ils dénoncent les manœuvres de la direction visant à les exclure en imposant d'anciens présidents d'Assemblées populaires communales (APC) «corrompus», les barons de l'argent et de la «chkara». Les listes que contestent les rédacteurs du communiqué ont été confectionnées par le secrétaire général de la mouhafadha, Mohamed Messaadia, un député du parti, Khreifi Mohamed, soutenus par le ministre de l'Enseignement supérieur et membre du bureau politique, Rachid Harraoubia. Ces derniers, souligne la même source, n'ont même pas respecté l'instruction de la direction du FLN elle-même qui avait défini «les conditions et les compétences requises pour prétendre à la candidature au nom du parti, à savoir l'ancienneté, le niveau intellectuel et l'intégrité». Ce sont les deux neveux de Rachid Harraoubia qui ont établi les listes de candidatures, soutiennent les militants du parti, qui promettent de réagir à cette situation par des moyens pacifiques en organisant des marches et des manifestations au niveau local. La même source révèle, par ailleurs, que les commissions de wilaya et communales n'ont jamais été mises sur pied comme cela a été décidé par la direction nationale du FLN, dans une instruction envoyée en septembre dernier. La seule activité de la formation de Abdelaziz Belkhadem s'est résumée à placer Mohamed Messaadia premier sur la liste de candidatures pour l'Assemblée populaire de wilaya, en prévision des élections sénatoriales. «D'anciens militants du parti, des mouhafedhs, des membres du comité central ont été écartés pour mettre à la place d'anciens maires qui ont des antécédents judiciaires ; certains ont toujours des affaires en justice», dénoncent les rédacteurs du communiqué, qui révèlent aussi que «ceux qui ont confectionné les listes dans leur domicile ont procédé même à la falsification de pièces administratives». Les militants du FLN demandent l'envoi d'une commission d'enquête à Souk Ahras. Un membre du comité central, contacté hier, précise que le FLN est au bord de l'explosion. La majorité des listes pour les prochaines élections locales sont contestées.