Depuis lundi dernier, une série d'assauts massifs s'abat sur l'enclave espagnole de Melilla. Melilla. De notre envoyée spéciale Près de 500 migrants subsahariens ont tenté un passage en force du mur de protection qui matérialise la frontière hispano-marocaine. Environ 120 clandestins ont été recensés lundi, 300 mardi et une cinquantaine hier mercredi. Sur ces 500 aspirants à l'immigration, à peine une centaine ont pu passer de l'autre côté de la frontière. Pour le reste, la vigilance des «Alis» – surnom donné par les migrants aux forces auxiliaires marocaines – a fini par fermer la porte à leur grand rêve européen. Face à cette «avalanche migratoire», expression chère aux Melilliens, les autorités locales ont déclenché l'alerte maximale sur toute l'enclave. Ce qui a ouvert la voie aux spéculations les plus folles autour du nombre d'«intrus» africains venus perturber la quiétude des 80 000 âmes vivant sur un territoire d'à peine 13 km2. Du coup, la délégation du gouvernement de Melilla s'est vue obligée de rompre avec son mutisme que l'on dit légendaire en allant à la rencontre des représentants des médias locaux et nationaux. Une conférence de presse a été convoquée hier, dont l'objectif était double : appeler les pays d'origine des migrants à aider à identifier les réseaux mafieux spécialisés dans la juteuse traite d'êtres humains pour lutter plus efficacement contre le phénomène migratoire ; sensibiliser leurs familles sur les conditions difficiles, voire inhumaines dans lesquels leurs enfants effectuent leur périlleux périple. L'occasion s'est finalement offerte à Abdelmalik El Barkani, le premier musulman à accéder au poste de délégué du gouvernement espagnol à Melilla, pour faire entendre sa voix par les pays visés. «Finalement», car avant d'intervenir personnellement, les représentants des médias maliens, algériens, sénégalais et marocains n'étaient pas les bienvenus à une rencontre qui devait initialement être hispano-espagnole. Ces journalistes sont les hôtes de Melilla, ils participent à l'atelier de formation «Sans clichés, Libre voix/Mieux informer sur les migrations» qui se tient, depuis dimanche dernier, à l'initiative de l'institut Panos Paris et Panos Afrique de l'Ouest, deux ONG internationales qui œuvrent pour le pluralisme médiatique et le libre accès à l'information. Il faut dire que pour les autorités locales melilliennes, la présence de journalistes étrangers, africains surtout, à Melilla s'est visiblement avérée inopportune. Du côté des médias locaux, elle a suscité beaucoup de curiosité de par son intense médiatisation.