-Constantin Melnik «La République a eu raison de reconnaître ce massacre inadmissible» Constantin Melnik, coordonnateur des services secrets à Matignon durant la guerre d'Algérie, estime que «la République a raison de reconnaître le massacre inadmissible» des Algériens lors de la manifestation du FLN du 17 octobre 1961 à Paris. Il avait été le premier responsable de l'époque à soutenir, en 1988, que 100 manifestants étaient morts du fait des exactions de la police. Jusqu'à cette date, le bilan officiel de la répression était de 3 morts et 64 blessés. -Henri Pouillot coprésident du MRAP : «Il reste des points d'ombre» C'est la première fois que la République française fait un pas significatif pour la reconnaissance de ce qui s'est passé pendant la guerre d'Algérie. Il reste des points d'ombre. D'ailleurs, on n'a pas été reçus mercredi à l'Elysée, on est restés pendant une heure devant l'Elysée, qui nous a renvoyés vers le ministère de l'Intérieur avec qui on n'avait rien à faire sur cette question. On n'a pas de réponse par rapport au problème des archives, sur ce qu'on va trouver dans les archives, la liste des victimes. L'Elysée m'a répondu à une lettre ouverte que je lui avais adressée par rapport au colonel Château-Jobert, un putshiste condamné à mort pour son activité OAS et que l'Elysée trouve normal d'honorer dans une caserne de la République. Il n'est pas tolérable non plus qu'un ministre du gouvernement aille inaugurer la stèle de Bigeard à Fréjus. On a marqué un point, tant mieux pour les victimes algériennes du 17 octobre 1961, mais il reste encore à faire. -Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS : Il faut donc qu'un discours unique vienne de la présidence de la République Tout est bon à prendre venant de la part de la présidence de la République, dont le discours est tout de même un peu ambigu puisqu'une lettre a été adressée à l'un des organisateurs (Henri Pouillot, ndlr) de cette célébration du 51e anniversaire par la plume, pour la mémoire de la guerre d'Algérie, de la présidence de la République qui tend à défendre l'honneur d'anciens de l'OAS. Et cela continue de nous heurter et il faut donc qu'un discours unique vienne de la présidence de la République et soit porté par le Président lui-même. -Parlementaires français et algériens : projet d'initiatives conjointes Chafia Mentacheta, députée de la communauté nationale établie à l'étranger, et Pouria Amirshahi, député de la communauté française à l'étranger (9e circonscription) ont décidé d'un commun accord de travailler ensemble à l'organisation d'une journée parlementaire pour commémorer le 17 Octobre 1961 en 2013. «C'est un deuxième pas après la déclaration de François Hollande en direction du rapprochement entre l'Algérie et la France», affirme Mme Mentalechta. «Nous pourrons imaginer d'autres initiatives qui permettraient à des parlementaires français et algériens de se rencontrer, de satisfaire les demandes de rencontre d'historiens pour faire un travail de mémoire. La déclaration du président Hollande, c'est bien ; il faut maintenant que l'accès aux archives ne puisse pas être limité et que le travail des historiens puisse se faire en toute sérénité, on veut le faire main dans la main», ajoute Pouria Amirshahi. -Fatima Beznaci-Lancou présidente de l'association Harkis. Droits de l'homme C'est un drame qui n'est pas seulement algérien, mais aussi des Franco-Algériens. Cela nous concerne tous, c'est un crime qu'il fallait reconnaître un jour, comme on doit reconnaître ce qu'on a fait aux harkis. C'est un drame colonial comme celui des harkis. A l'origine des deux drames, il y a Roger Frey, qtui était ministre de l'Intérieur, dont personne ne parle. L'histoire, il faut la prendre dans sa globalité. -Esther Benbassa, sénatrice EELV : «Un projet de résolution sera présenté mardi» Esther Benbassa, sénatrice Europe Ecologie Les Verts, est porteuse d'un projet de résolution sur la reconnaissance du 17 Octobre 1961. «Ce que le président Hollande a fait aujourd'hui est très positif et cela va nous aider pour faire passer au Sénat la proposition de résolution et ainsi, peut-être, avec le temps, cet événement tragique fera partie de l'enseignement de l'histoire de France dans les établissements scolaires.» Un projet que la sénatrice EELV partage avec les sénateurs communistes. Le projet sera proposé au débat ce mardi. -Hommage ému à Mouloud Aounit «Cette déclaration du président Hollande, Mouloud aurait été heureux de l'entendre. C'est aussi son travail en tant que militant antiraciste, pour l'égalité des droits, en tant que secrétaire général du MRAP, qui a fait que collectivement nous avons gagné cette reconnaissance», a souligné Mehdi Lalloui. «Respect pour Mouloud Aounit, respect pour son combat de 20 ans», a-t-il clamé avec émotion.