Les dernières décisions prises par le ministère du Commerce concernant l'obligation d'assurer une permanence durant l'Aïd El Adha, notamment pour l'approvisionnement en produits de première nécessité, n'ont pas été appréciées par l'ensemble des commerçants de la ville de Constantine. «Ce sont des mesures que nous jugeons abusives, notamment dans leur volet répressif, car de notre côté nous avons de tout temps travaillé en concertation avec la direction du commerce», nous a affirmé hier Sadek Boudjelal, secrétaire de wilaya de l'UGCAA. «En dépit des déclarations du ministre du Commerce, nous avons toujours convenu avec les boulangers et les dépositaires de lait d'assurer le service durant cette période de l'année», poursuit-il, rappelant que la wilaya de Constantine a été classée première à l'échelle nationale en matière d'adhésion des boulangers durant l'Aïd El Adha de l'année écoulée. Pour notre interlocuteur, l'appel lancé en direction des commerçants affiliés à l'UGCAA a été suivi par un travail concret sur le terrain, avec la signature d'engagements, notamment par les boulangers. «Dans la ville de Constantine, il y aura au moins une boulangerie ouverte par secteur, alors que nous avons prévu deux boulangeries pour chaque commune de la wilaya», précise-t-il. M. Boudjelal ne manque pas de revenir sur l'épineux problème de l'indisponibilité de la main-d'œuvre dans les boulangeries, dont la plupart ont baissé rideau ou changé d'activité. «La majorité des ouvriers viennent des wilayas de Mila, Jijel et Sétif et refusent de travailler le jour de l'Aïd», note-t-il. A l'UGCAA de Constantine, on insiste : le gouvernement décide souvent sans tenir compte de la réalité du terrain. Notre interlocuteur ne rappelle que les 42 dépositaires de lait, structurés au sein de son organisme, seront prêts à assurer la livraison du lait en sachet avant l'Aïd et pendant les deuxième et troisième jour, mais ils risquent de ne pas trouver d'épiciers ouverts. «Durant l'Aïd El Fitr, la plupart d'entre eux ont été contraints de vendre le lait dans la rue», poursuit-il. Maintenant, la balle est dans le camp des structures de la direction du commerce. Dans la ville, de nombreux commerçants interrogés sur les mesures en question se sont dits outrés par la façon d'agir de l'Etat. «Je ne comprends toujours pas pourquoi on continue à s'acharner sur le commerçant qui a un registre du commerce, qui active légalement, s'acquitte de ses impôts et subit d'interminables contrôles, et l'on n'inquiète jamais ces commerçants informels qui continuent de sévir en toute impunité», s'indigne Toufik, marchand de légumes dans un marché du centre-ville. «Pourquoi veut-on nous imposer d'ouvrir le jour de l'Aïd alors qu'il n'y a même pas de marchandise au marché de gros ?», martèle-t-il. Certains considèrent que M. Benbada a oublié que le premier jour de l'Aïd sera un vendredi…