Le rabbin Berdugo est aumônier israélite dans les prisons de la région Rhône-Alpes, il est aussi aumônier militaire. Il se refuse à discuter du nombre de prisonniers d'origine musulmane dans les prisons : «d'abord, parce que ce n'est pas légal de différencier les prisonniers selon ce critère. Ce sont tous des enfants de la République, et aussi des êtres en souffrance.» Pour le rabbin Berdugo, qui a une longue expérience de la vie dans les prisons et qui a aussi exercé dans la région des Pays de la Loire, le marqueur numéro un c'est «l'humanisme qui passe avant toute autre chose». Il précise : «En réalité, pour moi, ce qui me préoccupe le plus est de rencontrer son prochain dans le dialogue et la compréhension mutuelle.» Comme tous les aumôniers, de quelque religion qu'ils soient, il a la liberté de circuler dans les couloirs et les lieux communs des établissements carcéraux. «On côtoie nécessairement les autres aumôniers, ainsi que les prisonniers. On s'adapte, et cela se fait naturellement.» Comme avec les aumôniers chrétiens (catholiques et protestants), les échanges avec les imams sont fructueux, explique le rabbin, lui-même d'origine marocaine. «Les détenus israélites sont peu nombreux dans les prisons. Sur les 19 établissements d'incarcération en Rhône-Alpes, il y a actuellement, selon mes décomptes, moins de dix détenus.» Autant dire que le plus gros de l'activité de l'aumônier juif se tourne alors vers la meilleure façon de participer à améliorer le sort de tous les prisonniers. «Je n'ai pas souvent entendu parler d'actes antisémites dans les prisons. Ce n'est pas du tout le quotidien. Au contraire, à de multiples reprises, des détenus d'autres confessions et beaucoup de musulmans ont demandé à me rencontrer en tant qu'aumônier israélite.» Le rabbin Berdugo se rappelle même avoir organisé à Nantes une réunion sur le massacre des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, à la demande du directeur. «On a eu une centaine de détenus, dont les trois quarts étaient musulmans, et cela s'est bien passé.» Un exemple à la marge de ce qui peut être fait. Le rabbin avoue que pour lui ce cas fut unique. Serait-il encore possible aujourd'hui, alors qu'on entend plutôt parler de radicalité musulmane développée dans les prisons par des prisonniers qui s'autoproclament imams ? Le rabbin ne détrompe pas cette évolution : «Ils ont une influence néfaste sur des prisonniers, rompant l'entente mutuelle. Car ils veulent convertir, même les Français non musulmans.» Le rabbin insiste cependant pour ramener à l'essentiel : «Les gens en prison sont des êtres en détresse. C'est cela que l'aumônier doit entendre pour tenter d'y répondre.»