L'ancien ministre de la Défense adresse un bras d'honneur aux autorités algériennes, sur un plateau de télévision. Le lendemain, un député du Front national réitère le même geste l Si la gauche fustige le geste de voyou, la droite semble sourde et muette, aveuglée par ses élections internes. Paris De notre correspondant Regard froid, expression haineuse et… un bras d'honneur. L'ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, résume toute sa pensée en un geste vulgaire. Le 30 octobre sur Public Sénat, à la fin de l'émission «Preuves par 3», le sénateur de droite, ancien militant d'Occident, un groupuscule d'extrême droite pro-Algérie-française, fait un bras d'honneur pendant le générique, alors que la caméra tourne encore. Il réagit ainsi à une demande d'Alger pour que la France reconnaisse les crimes du colonialisme. Droit dans ses bottes, il assume son geste. Et de louer à nouveau les bienfaits du colonialisme : «Les Algériens doivent se développer en sachant que la France est leur amie, mais qu'on ne peut pas se développer en Algérie sur le ressentiment de la France, alors que je crois profondément que la France a fait beaucoup pour que l'Algérie soit un pays plus moderne, mieux équipé, mieux formé. Tout n'a pas été parfait, mais si on se dresse en permanence des procès collectifs, on ne progressera jamais.» Dans son mouvement politique, silence radio. Aucun responsable de la droite républicaine n'a condamné ou même commenté son geste. A quelques semaines d'élections internes, l'UMP se réfugie dans le silence. Gérard Longuet a trouvé un consentement au Front national, par l'intermédiaire d'un député qui a réitéré le même geste sur une chaîne d'information, en visant cette fois-ci directement le gouvernement algérien : «J'espère que ce bras d'honneur a été tellement amplifié par les médias que ceux qui nous demandent de nous repentir l'ont reçu en pleine figure», fanfaronne Gilbert Collard. Geste abject «Le politique isolé de l'ancien équipe gouvernante, ne représentant que lui-même, qui a fait ce geste abject s'est lui-même couvert d'indignité. L'essentiel est la prise de position, claire et ferme, du président de la République contre les méfaits du colonialisme», s'indigne Faouzi Lamdaoui, conseiller de François Hollande. Et de préciser : «Rien ne détournera le président de la République de l'objectif qu'il s'est fixé :aboutir à un partenariat stratégique avec l'Algérie.»La gauche s'indigne de ce geste, qualifié de choquant. Dans un communiqué, le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, a exprimé sa «désapprobation après le geste grossier et injurieux que Gérard Longuet a adressé aux autorités algériennes». Pour M. Bel, «ce geste, de la part d'un ancien ministre, ne peut qu'entretenir la guerre des mémoires». Le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a estimé sur son compte twitter que «le geste de Gérard Longuet illustre malheureusement la brutalité vulgaire d'une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain». Le président du Cercle d'amitié franco-algérien, Adam Benahmed, s'est dit «outré et scandalisé par le geste inélégant et de voyou envers le peuple algérien ami» de l'ancien ministre Gérard Longuet. Dans un communiqué, Adam Benahmed appelle «l'ensemble des femmes et des hommes politiques français à la réprobation totale de cet individu qui déshonore la France et les Français et porte atteinte aux relations intenses, riches et amicales qui lient nos deux pays aujourd'hui». La droite semble sourde et muette.