Les autorités algériennes fondent ainsi de grands espoirs que ces ultimes tractations — à Alger mais aussi à Ouagadougou pour l'autre délégation d'Ançar Eddine — puissent amener les chefs de ce mouvement à se démarquer publiquement des terroristes et à se joindre au processus politique. Comme annoncé hier sur ces mêmes colonnes, une délégation du mouvement armée Ançar Eddine, dont le nombre n'a pas été précisé, est arrivée, hier, en Algérie pour entamer les négociations politique sur la crise du Mali. Bien qu'aucune information n'a filtré officiellement sur le voyage algérien des négociateurs d'Ançar Eddine, une source proche du dossier a confirmé à El Watan leur arrivée. Mieux encore, notre source semble optimiste quant à la possibilité de voir ce mouvement apparenté à Al Qaîda prendre ses distances avec la nébuleuse terroriste. «Effectivement les pourparlers se sont intensifiés et il n'est pas exclu que cela débouche rapidement sur une prise de distance publique par rapport à AQMI et au Mujao», confie ce responsable sous le couvert de l'anonymat. Les autorités algériennes fondent ainsi de grands espoirs que ces ultimes tractations, à Alger mais aussi à Ouagadougou pour l'autre délégation d'Ançar Eddine, puissent amener les chefs de ce mouvement à se démarquer publiquement des terroristes et se joindre au processus politique. «En tout cas, c'est notre objectif pour remettre les Touareg dans le jeu politique, isoler et affaiblir les terroristes en prévision de leur traitement en termes sécuritaires», explique encore notre source. Une déclaration qui confirme que l'approche algérienne du règlement de la crise malienne contient bel et bien un volet militaire en «aval» du dialogue politique. Autrement dit, même si l'Algérie réussit à faire changer de fusil d'épaule au mouvement Ançar Eddine en lui faisant renoncer au terrorisme et probablement même à son idéal d'Etat islamique au Nord-Mali, l'option militaire reste de mise. AQMI et son «petit», le Mujao, qui sont clairement et consensuellement identifiés comme étant des groupes terroristes, ont vocation à être combattus. Sur ce plan, la position commune de l'Algérie, de la France et des Etats-Unis ne souffre aucune contradiction. Tel n'est pas le cas du mouvement Ançar Eddine de Iyad Ag Ghali dont la «nature» fait polémique principalement entre la France et l'Algérie. Ançar Eddine : montrer patte blanche sinon… Si pour Paris, Ançar Eddine est un mouvement terroriste allié d'Al Qaîda et qui devrait être par conséquent combattu, l'avis d'Alger est un peu plus nuancé. On estime ainsi que le nombre de ceux qui ont versé dans le terrorisme parmi ses troupes est moindre par rapport à la population touareg qu'il représente. Aussi et contrairement à AQMI et au Mujao, Ançar Eddine a montré sa disponibilité au dialogue pour arriver à une solution politique. Ces négociations à Alger et à Ouagadougou sont justement destinées à arracher un engagement «ferme et public» de cesser toue activité terroriste et de s'inscrire dans un processus politique, prélude à un dialogue inter-malien pour asseoir un gouvernement d'union nationale. Cette feuille de route semble avoir reçu l'appui des Américains puisque Mme Clinton a insisté lors de son passage à Alger sur la nécessité d'«encourager le leadership malien» dans l'optique d'installer un «gouvernement légitime» à Bamako. Mais en attendant, les regards sont désormais braqués sur les tractations à Alger et à Ouagadougou entre les responsables des deux pays d'un côté et les deux délégations d'Ançar Eddine de l'autre. A 25 jours de la fin du délai accordé par le Conseil de sécurité à l'ONU, à l'Union africaine et à la Cédéao pour préparer un «concept d'opération» en prévision de l'intervention militaire, Ançar Eddine est mis dos au mur pour montrer patte blanche. A Bamako, des experts militaires internationaux en conclave depuis le 25 octobre dernier devraient rendre aujourd'hui la copie de leur plan d'attaque.