Le commerce informel, au-delà de ses nuisances sur l'économie, continuera de générer saleté et pollution dans les villes, en l'absence d'une politique ferme et d'une prise de conscience citoyenne durable. A peine entamés, la lutte contre le commerce informel et l'assainissement des centres urbains semble marquer le pas. Dans certaines villes, l'action s'est arrêtée après une petite esquisse d'un semblant de nettoyage. Les ordures sont plus que jamais là et les vendeurs informels ne sont pas inquiétés dans leur obstination sans limite de s'accaparer plus d'espace sur la voie publique. Dans les villes d'El Milia et de Taher, les plus touchées par ce phénomène, les citoyens, sont loin d'être rassurés; ils font face à une détérioration du cadre de vie et une asphyxie totale de la circulation. Aucun plan pour désengorger les routes, ramasser les ordures ou chasser les indus occupants des espaces squattés n'est mis en place. Un cloaque nauséabond a pris forme à la rue Zighoud Youcef, en plein centre- ville d'El Milia, où les ordures n'ont pas été enlevées depuis plusieurs jours. Dans son prêche de vendredi dernier, l'imam de la grande mosquée de cette ville est sorti de sa réserve pour dénoncer l'arrogance des vendeurs informels. «Vous portez atteinte à l'ordre et aux bonnes vertus de l'islam», leur a-t-il lancé. Des jeunes du quartier de la cité des 312 Logements, ont, pour la deuxième fois en l'espace d'une semaine, brûlé des pneus sur la route en signe de protestation contre cette insalubrité. A Taher, on espère l'intervention d'une autorité pour dépolluer certains quartiers, connus pour être le fief de la saleté. La campagne d'assainissement, lancée en grande pompe, où les scènes de nettoyage sont filmées en présence des responsables locaux et des présidents des associations de quartier, connaîtrait-elle déjà ses limites ? Certains citoyens sont allés jusqu'à s'interroger sur le sérieux de cette action, pendant que d'autres se disent ne pas trop se leurrer sur cet élan de propreté entamé suite à une décision du gouvernement. «Les mauvais réflexes sont là et le mal est très profond; à voir l'état de déliquescence de ces villes, ce n'est pas pour demain que l'orgueil civique et le sens des responsabilités vont se réveiller», lance, d'un ton blasé, un citoyen.