Après un rassemblement devant le siège de la circonscription administrative et des promesses non tenues, les habitants ont décidé d'investir le siège de la wilaya d'Alger. Plus de 570 familles du bidonville situé à Bateau cassé, à Bordj El Kiffan, risquent d'être emportées par la mer. Avant même que l'hiver ne se pointe avec son froid et ses grands vents, les vagues viennent frapper à l'entrée de leurs demeures. «En hiver, les vagues inondent les baraques et l'eau sort même de sous la terre», raconte un père de famille. «Nous ne vivons plus sur terre, mais dans un aquarium à ciel ouvert», ajoute-t-il. Sur cette plage, les résidants affirment redouter la grande bleue, et les nuits blanches qu'ils passent à grelotter de froid et de peur. D'ailleurs, chaque année, la Protection civile intervient à plusieurs reprises pour assister les familles et secourir les blessés et les traumatisés. «L'année dernière, la mer a englouti plusieurs baraques et l'eau a atteint la quasi totalité des foyers», racontent des habitants. «Les vagues était si hautes et la mer si menaçante que nous avons tous quitté nos maisons de crainte d'être emportés par la mer en furie», raconte notre interlocuteur. Suite à cet incident, les habitants ont décidé de manifester leur colère. Après un rassemblement devant le siège de la circonscription administrative et des promesses non tenues, les habitants ont décidé d'investir le siège de la wilaya d'Alger. Les protestataires ont dû faire face aux matraques de la police, avant qu'ils ne soient reçus par un représentant du wali. Ce dernier, affirment nos interlocuteurs, a promis de les reloger dans un délai d'une semaine. «Presque une année est déjà passée, sans que rien n'ait été fait», regrette un autre père de famille. Pourtant, les différents responsables saisis ont tous reconnu la gravité du danger qui guette ces familles et se sont engagés à les reloger en priorité. «Nous ne les croyons plus, ils tiennent tous le même discours avant de s'éclipser et nous ignorer», s'indigne un jeune résidant. Cette cité, faut-il le préciser, est distante seulement de quelques mètres de la mer. Elle n'est raccordée ni au réseau d'électricité ni à celui de l'eau ou de l'assainissement. «Nous avons alimenté nos foyers illégalement», révèlent-ils. Mais le grand problème, d'après ces simples citoyens, ce sont les ordures et les puanteurs qui infectent les lieux. En fait, sur place, nous avons constaté le degré de pollution plutôt important dû au déversement des eaux et des déchets dans la nature. «Les responsables de la commune ont promis de procéder à une opération de nettoyage et d'assainissement, hélas rien n'a été encore fait», s'indigne un autre habitant. Face à ces difficultés et aux dangers imminents auxquels ils sont confrontés quotidiennement, des résidants révèlent que leurs enfants souffrent énormément. Outre les maladies, le rendement scolaire des élèves soulève l'inquiétude des parents. «Ma fille, pourtant brillante dans ses études, a redoublé à cause des conditions d'hébergement insupportables», raconte un père de famille. «Au lieu de réviser ses cours ou se reposer la nuit, la pauvre passe son temps à nettoyer la baraque constamment inondée et submergée par les eaux de pluie et de la mer», souligne-t-il.