Chercheur en économie sociale, praticien du développement local, André Joyal a sillonné les continents pour faire ses recherches. Auteur de plusieurs ouvrages, cet économiste canadien a réalisé des travaux en Algérie. Dans l'entretien qui suit, il revient sur ses expériences et sa conception du développement local. Vous avez séjourné en Algérie dans les années 1960. En quoi consistait votre mission ? J'étais responsable d'une enquête sur la main-d'œuvre. Son principal intérêt est de m'amener à me déplacer à travers beaucoup de régions d'Algérie. J'accompagnais les enquêteurs qui effectuaient des enquêtes au sein des ménages non métropolitains. Aujourd'hui, vous semblez regretter la disparition du ministère du Plan... Non, pas du tout. Au contraire, sa disparition signifie qu'il y a des réformes qui se font en Algérie. Je crois à l'économie de marché et je trouve que le Plan n'est pas nécessaire pour l'économie de l'Algérie dans la mesure où l'entreprise privée existe et peut profiter des opportunités d'expansion. Une approche standard du développement local existe-t-elle ? Je crois que oui. Au départ, c'est le partenariat.Ce sont des gens qui ont des choses à dire et qui veulent prêter leur concours sur la base de leur expérience, leurs idées et leur temps au profit des comités de développement local. Des gens qui acceptent de travailler avec les autres au lieu de laisser le vide autour d'eux ou céder la place aux instances extérieures de leur communauté immédiate. Les structures sociales et les régimes politiques sont souvent des facteurs de résistance contre le développement local. Quel est votre avis ? Dans mes conférences, j'ai donné l'exemple canadien et québécois de structures locales qui existent dans différents milieux, là où leur besoin se présente, là où le chômage est élevé, là où on est aux prises avec l'exode rural, là où on est face à la fermeture des entreprises dans des secteurs dits traditionnels. On avait chez nous des secteurs d'activités qui étaient dépassés. Des projets ont été lancés et on a pu concurrencer le secteur minier. Mais, dans tous les cas, l'Etat doit agir à travers ses petites structures, en mettant des moyens qui ne sont pas faramineux au profit de tous ceux qui font le noyau des acteurs locaux. Cela peut contribuer et favoriser des initiatives nouvelles et la diversification de l'économie. Mais c'est l'obstacle bureaucratique qui doit sauter en premier lieu.