407 000 dossiers (4 milliards de dinars) ont été régularisés jusqu'à juin 2012 sur un total de 619 000 dossiers en suspens. En Algérie, le secteur des assurances souffre de la fraude, un phénomène inquiétant, selon Abdelkrim Djaâfri, PDG de la Compagnie algérienne des assurances (CAAT). «La fraude a atteint des proportions incommensurables. Celle enregistrée dans les déclarations de sinistres s'élève à 20%, d'après certaines études», a estimé le patron de la CAAT lors d'une conférence de presse organisée hier à l'hôtel El Aurassi en présence des responsables d'autres compagnies d'assurances, membres de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR). Pour mieux lutter contre ce fléau, des assureurs algériens (CAAR, SAA et CAAT) se sont associées pour créer l'Agence de lutte contre la fraude automobile (ALFA). Les nombreux cas de fraude, à l'origine d'importantes pertes financières, sont liés à des déclarations fictives de sinistres dans l'assurance automobile. L'assureur «grugé» engage dans la plupart des cas des poursuites judiciaires. Abondant dans le même sens, Hassen Khelifati, PDG de l'assureur privé Alliance assurances, a souligné que sa compagnie avait soumis 20 dossiers «douteux» aux enquêteurs d'ALFA au premier trimestre 2012. «Après vérification, il s'est avéré que 16 dossiers étaient frauduleux», dira-t-il. Le président de l'UAR, M. Latrous, avait indiqué mercredi dernier que les compagnies d'assurances ont «pu récupérer 800 millions de dinars grâce à la détection de cas de fraude» ces dix dernières années. Les membres de l'UAR ont évoqué par ailleurs le dossier des indemnisations en souffrance, un sujet qui fait jaser les clients en raison des retards accumulés dans le remboursement. Environ 407 000 dossiers (4 milliards de dinars) ont été régularisés jusqu'à juin 2012 sur un total de 619 000 dossiers en suspens, selon le porte-voix des assureurs algériens. «Notre objectif est d'atteindre 7 milliards de dinars d'indemnisation à la fin de l'année», a indiqué M. Latrous, également PDG de la SAA, précisant que les sociétés d'assurance déploient des efforts considérables pour épurer la situation. En 2012, les 13 sociétés d'assurance ont recensé un million de déclarations de sinistre. En matière d'indemnisation, les compagnies d'assurances ont consacré globalement 36 milliards de dinars en 2012 au titre du règlement des sinistres, la part du lion étant consacrée à la branche auto. Autre sujet abordé, celui de la demande d'une hausse du tarif de l'assurance automobile obligatoire. Le montant de prime en Algérie est inférieur de 7 fois au Maroc et de 5 fois en Tunisie, a estimé M. Djaâfri. «Les indemnisations sont plus importantes que les primes drainées au titre de l'assurance automobile. Les sociétés sont déficitaires», a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité de revoir en hausse le tarif actuel pour que les compagnies d'assurances puissent équilibrer leurs recettes et dépenses. L'UAR est en train de préparer une étude scientifique minutieuse qu'elle soumettra au ministère des Finances, selon M. Khelifati. Le chiffre d'affaires du secteur des assurances s'élève à 50 milliards de dinars au mois de septembre 2012 d'après le président de l'UAR qui table sur un montant de 100 milliards de dinars d'ici la fin de l'année.