Amnesty International est très préoccupée par la nouvelle de la suspension du stage d'avocat de Youcef Benbrahim, vice-président d'Amnesty International Algérie et avocat stagiaire au barreau de Sidi Bel Abbès, après que celui-ci ait été informé oralement de cette décision», pouvait-on lire, hier, dans une déclaration rendue publique. «Youcef Benbrahim n'a ni été convoqué devant un conseil de discipline ni reçu de décision écrite lui notifiant la suspension de son stage», précise Amnesty. L'ONG «craint que la suspension de son stage, si elle a effectivement eu lieu, ne soit liée à ses activités de militant des droits humains au sein d'Amnesty International et à ses convictions». Les faits remontent au 27 septembre dernier, «suite à une manifestation devant le tribunal de Sidi Bel Abbès contre le film polémique et considéré comme offensant par de nombreux musulmans, L'Innocence des musulmans». «Youcef Benbrahim a été interpellé par un avocat membre du bâtonnat alors qu'il parlait au téléphone avec un ami au sujet de cette manifestation. Cet avocat lui aurait demandé son nom et l'aurait informé de la suspension de son stage. M. Benbrahim a avisé Amnesty International lorsqu'il s'est rendu au bureau du bâtonnier de Sidi Bel Abbès le 2 octobre. Après une brève discussion, ce dernier lui a demandé de sortir et a instruit sa secrétaire de rédiger la décision de suspension du stage de Youcef Benbrahim», écrit Amnesty. L'ONG indique que «le bâtonnier aurait affirmé qu'il est question de la religion de Youcef Benbrahim, et qu'il aurait des doutes sur le fait que M. Benbrahim soit musulman, car il aurait refusé de participer au sit-in devant le tribunal de Sidi Bel Abbès contre le film. De telles déclarations, si elles étaient avérées, seraient extrêmement préoccupantes. En vertu du pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l'Algérie, toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion». Amnesty International demande «la clarification immédiate de la situation de Youcef Benbrahim au regard de son stage d'avocat. Si M. Benbrahim est soupçonné d'avoir manqué aux règles de conduite professionnelle ou à la déontologie de la profession d'avocat, il doit faire l'objet d'une procédure disciplinaire. Les motifs de cette procédure doivent lui être communiqués clairement, et toute décision prise contre lui doit être susceptible de recours devant un organe judiciaire indépendant». Amnesty International appelle «également les autorités algériennes à prendre des mesures afin de s'assurer que les militants des droits humains ne fassent pas l'objet d'intimidations ou de harcèlement ; et qu'ils puissent exercer leurs droits à la liberté d'expression et d'association sans entraves ni crainte de représailles».