Un silence pesant, puis l'explosion. C'est ce qui vient d'être observé au sujet de la question palestinienne marquée, depuis mercredi dernier, par une nouvelle agression israélienne contre la bande de Ghaza. Comme celle de l'hiver 2008, elle obéit à un même mode opératoire. Quant au timing, il n'échappe pas à beaucoup de lectures sans que l'une d'entre elles puisse être déclarée irrecevable. Cela va de soi quand une réalité est dénaturée, permettant de dire qu'Israël est en état de légitime défense. Il est alors normal que les Palestiniens prennent acte de ce silence, devenu pesant dans l'immense building de l'ONU. Des observateurs ont relevé à quel point la situation par rapport à la question palestinienne a pu changer par rapport à ce qu'elle était il y a tout juste une année. Et, à l'inverse, cet excès de confiance affiché par le Premier ministre israélien devant cette même instance. Que de choses ont effectivement changé dans ce dossier. Au sein de l'opinion palestinienne gagnée par le désespoir, c'est la fin des illusions nées des accords palestino-israéliens de septembre 1993, tués par ces derniers mais auxquels les premiers continuaient à croire. Parce que, faisaient-ils valoir, le monde ne leur a pas laissé d'autre recours. D'ailleurs, l'actuel leader palestinien, à l'époque chef des négociateurs palestiniens, se montrait extrêmement circonspect. Il a fini par se rendre à l'évidence et devenir partisan de l'intifadha. Mais une intifadha pacifique, tenait-il à souligner, craignant de nouvelles pertes palestiniennes. Il est d'ailleurs remarquable qu'un nombre de personnalités palestiniennes de plus en plus grand appelle à l'abrogation des Accords d'Oslo qui ont, en fin de compte, ligoté la résistance palestinienne. Quant à l'Autorité mise en place en vertu de ces mêmes accords, elle est dépourvue de toute prérogative et de moyens. De plus en plus de Palestiniens ne veulent plus de ces accords. Pour quelle alternative se demande-t-on alors, car il en faut bien une. Toute la question est là. Il y a dix-huit mois, une bonne majorité de Palestiniens pensaient que ce qu'on qualifie de Printemps arabe aurait une conséquence sur leur cause. Ce n'est plus le cas désormais. Entre-temps devrait-on dire, le monde a surmonté ce moment de surprise, afin au moins d'accompagner les changements susceptibles de se produire, de les guider, sinon de ne pas être pris au dépourvu. Le monde déteste les surprises. On a vu de quelle manière le nouveau pouvoir en Egypte a annoncé sa décision de respecter les précédents accords internationaux. Et plus précisément le traité de paix de Camp David, conclu avec Israël en mars 1978. Tout alors est fait pour que rien ne se fasse. Ce conflit, a fini par dire un observateur, «est réglé car inréglable». Que devient en effet la solution à deux Etats pourtant largement soutenue internationalement et à laquelle les Nations unies n'ont jamais renoncé ? Les Palestiniens eux aussi n'y ont pas renoncé à travers leur décision d'interpeller l'ONU le 29 de ce mois, rappelant au monde qu'à cette même date en 1947, l'ONU votait la résolution 181 portant partage de la Palestine. Un travail de mémoire qu'Israël et d'autres cherchent à effacer. Et pour cause, ils sont à l'origine de l'injustice faite au peuple palestinien. Quelle solution alors, car après des décennies, ce peuple réclame justice ? Il en est qui appréhendent le pire avec l'extension de la colonisation israélienne, amenant des Palestiniens à renoncer à l'idée d'Etat indépendant, cette option n'étant plus possible, selon eux. Sauf qu'Israël ne veut de solution ni à un Etat – qui signifie, selon lui, sa propre disparition en raison du déséquilibre démographique en faveur des Palestiniens dans les prochaines années – ni à deux, car cela signifierait un retour aux frontières de 1948 et même à celles établies par l'ONU dans sa résolution à l'origine du drame des Palestiniens. C'est donc l'impasse et l'issue ne se trouve pas ailleurs.