Un nouveau sommet arabe s'ouvre aujourd'hui à Riyad, en Arabie Saoudite. Une rencontre ordinaire pas prévue dans les statuts amendés de la charte de la Ligue arabe, la seule modification apportée à cette institution depuis plus d'un demi-siècle. Un record. Mais ne faudrait-il pas cependant parler de contexte extraordinaire malgré le caractère récurrent des questions inscrites à l'ordre du jour ? Des questions traditionnelles. C'est ainsi qu'elles sont qualifiées puisqu'elles reviennent avec la même régularité depuis des décennies. Leur simple évocation donne déjà une idée de la situation que vit le monde arabe. Cette fois, relève-t-on, le contexte semble différent. Longtemps oubliée, la résolution du sommet de Beyrouth portant plan arabe de paix est relancée de manière spectaculaire. Par Israël, il faut bien en convenir. C'est-à-dire, celui-là même qui avait opposé une fin de non-recevoir à ce qui était une offre de paix prévoyant une normalisation par les pays arabes de leurs relations avec Israël en échange du retrait israélien total de tous les territoires arabes occupés. Soit une autre version d'une autre démarche consistant en l'échange de la paix contre les territoires. Cela avait donné la conférence de Madrid de 1991 qui avait retenu les résolutions 242 et 338 comme base de règlement. Puis Oslo, c'est-à-dire l'accord palestino-israélien avant qu'Israël ne se rétracte et revendique plus ou moins ouvertement la paix et les territoires. C'est-à-dire obliger les pays arabes à renoncer à leurs revendications sinon, c'est le retour à la guerre. Toutes ces démarches avaient échoué, mais cela ne veut absolument pas dire qu'Israël est disposé à prendre acte de ces échecs. Evoquer la résolution de Beyrouth ne signifie en aucun cas, son acceptation. Et si Israël le fait, c'est pour demander sa renégociation. C'est-à-dire, sa réécriture comme il a pu le faire avec la Feuille de route, ce fameux plan que le Quartette n'arrive pas ou ne veut pas appliquer. Il ne faut donc pas exclure à ce sujet une approche strictement tactique, car aucun geste concret ou susceptible d'inciter à l'optimisme n'est enregistré. La réalité du terrain incite au contraire à l'inverse, avec la poursuite de la construction du mur de séparation israélien, une frontière de fait que le secrétaire général de l'ONU vient de constater, mais sans la dénoncer. Au contraire, des pressions s'exercent comme toujours sur les Palestiniens et les Arabes pour les amener à plus de concessions envers Israël. C'est ce bras de fer diplomatique qui confère un caractère extraordinaire au sommet de Riyad.