Laurent Fabius a rappelé hier, à la faveur d'une rencontre avec la presse étrangère, qu'il n'y avait pas de désaccord entre Paris et Alger sur la crise du Nord-Mali et que celle-ci avait une dimension politique, mais aussi sécuritaire. Paris. De notre correspondante Interrogé par El Watan sur le dialogue intermalien qui se tiendra courant novembre à Bamako et sur la déclaration de son homologue algérien, Mourad Medelci, sur l'urgence de l'entame de négociations entre les parties concernées, Laurent Fabius a indiqué qu'il est «tout à fait d'accord avec (son) ami et collègue algérien (…) qu'il faut combattre les groupes terroristes, mais qu'il ne faut pas oublier la dimension politique». Laurent Fabius, qui était l'invité de l'Association de la presse étrangère (APE), a rappelé qu'à Alger, «un des premiers déplacements que j'ai faits à l'étranger, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Bouteflika, nous avons eu l'occasion de parler d'un certain nombre de sujets et je me rappelle que la presse algérienne titrait 'Désaccord entre la France et l'Algérie sur la question du Mali'. Nous avons souri avec mon collègue et ami Mourad Medelci, parce que nous avions trouvé que nous avions énormément de points d'accord». Le fond de la question, selon le ministre français des Affaires étrangères, est qu'«au nord du Mali, il y a le terrorisme, le refus de l'intégrité du Mali par certains mouvements et cela a des conséquences désastreuses puisque le Mali est coupé en deux, puisque les groupes terroristes violent, torturent, assassinent». Cette situation «qui, longtemps, n'a peut-être pas été perçue, l'a été de plus en plus par les Africains eux-mêmes et par la communauté internationale», a poursuivi M. Fabius. Pour résoudre cette situation, il y a, selon le MAE français, trois actions à entreprendre : «La Cédéao et l'Union africaine jouent un rôle excellent dans cette affaire ; l'Europe et la communauté internationale peuvent assurer un appui ; les Algériens évidemment sont directement concernés. C'est d'abord aux Africains d'avancer sur ces trois domaines. D'abord, il faut consolider la solution politique, c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait un dialogue entre les autorités du Mali et celles du Nord qui refusent la violence et le terrorisme. Il y a des populations du Nord et même des organisations qui acceptent, davantage maintenant qu'il y a quelques mois, de rejeter le terrorisme et de respecter l'intégrité du Mali.» Par ailleurs, note M. Fabius, «les forces de sécurité maliennes sont devenues extrêmement faibles, il faut les reconstituer, c'est une affaire qui concerne les Maliens, mais l'Europe a décidé hier d'aider à leur formation (…). Et puis il y a les groupes terroristes. Il faudra les combattre». Le troisième volet est «un volet de développement, un volet humanitaire parce que le Mali, comme un certain nombre de pays voisins, a besoin de se développer (…). La communauté européenne et internationale doit les aider».