Si le décret présidentiel portant « réintégration ou indemnisation des personnes ayant fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale » semble arranger plus des terroristes et des repentis islamistes, les éléments des services de sécurité révoqués, par contre, ne bénéficient d'aucune prise en charge. En effet, un groupe de policiers, tous grades confondus, s'est rendu, hier à notre rédaction, pour interpeller le président de la République sur leur situation lamentable après avoir été révoqués durant les années difficiles de l'Algérie. Accumulant, pour certains, 22 ans de service, et représentant les 48 wilayas, les policiers demandent, dans le cadre de la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, d'être réintégrés dans leurs postes de travail, à l'instar des terroristes. Le porte-parole de ce groupe, M. Ziari, ex-officier supérieur à la DGSN, s'indigne : « Comment se fait-il que des égorgeurs de bébés soient réintégrés dans leurs postes de travail alors que des défenseurs de la République se trouvent dans un état de clochardisation. » Une sentence qui ne laisse pas d'avoir l'effet d'une douche froide pour toutes les forces de sécurité. Selon M. Ziari, 300 dossiers de ces agents révoqués sont actuellement en souffrance à la DGSN qui « ne semble pas voir d'un bon œil leur réintégration ». Notre interlocuteur précise que ces policiers avaient sensiblement contribué à l'amélioration de la situation sécuritaire en garantissant des conditions favorables pour l'organisation de l'élection présidentielle de 1999. L'ex-officier supérieur indique que les terroristes sont en train d'exiger un rappel de 4 ans alors que ces policiers ne demandent qu'une réintégration. M. Ziari souligne, également, que les familles des terroristes sont prises en charge dans le cadre de cette charte tandis que celles de ces policiers sont laissées pour compte. Notre interlocuteur précise, par ailleurs, que cette initiative de demande de réintégration concerne seulement ceux qui ont servi le pays et il n'est pas question de défendre les hauts fonctionnaires de l'Etat révoqués parce qu'ils s'étaient servis illégalement et avaient accaparé les biens de l'Etat. Les policiers révoqués comptent organiser un sit-in devant la Présidence si les autorités ne prennent pas en considération leurs doléances. Les policiers prévoient, également, d'observer une grève de la faim si la situation l'exige. En tout cas, ces policiers misent sur une petite marge de manœuvre décodée dans le texte de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui stipule, dans son dernier paragraphe, que le président de la République « peut, à tout moment, prendre toute autre mesures requise pour la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Une question s'impose : la révocation de ces policiers est-elle liée à la tragédie nationale ou à d'autres motifs ?