Selon M. Ziari, le directeur général de la Sûreté nationale ne semble pas s'opposer à la réintégration d'ex-policiers. Ils menacent d'observer un sit-in devant la Présidence si rien n'est fait d'ici la fin du mois. Hier encore, plus d'une centaine d'ex-policiers, tous grades confondus, se sont rassemblés devant la Maison du peuple (UGTA) pour revendiquer leur réintégration à leur poste de travail. “Nous avons pris rendez-vous avec Abdelmadjid Sidi-Saïd pour lui transmettre une lettre au président de la République, mais celui-ci a refusé de nous recevoir”, a déclaré Ziari, ex-officier supérieur à la DGSN présent hier lors du sit-in. À travers leur plate-forme de revendications, les policiers licenciés interpellent le président de la République au sujet de leur situation “lamentable” après avoir été révoqués durant les années difficiles qu'a traversées l'Algérie. Accumulant, pour certains, 25 ans de service et représentant les 48 wilayas, les policiers veulent, dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, être réintégrés à leur poste de travail, à l'instar des terroristes. En effet, si le décret présidentiel portant “réintégration ou indemnisation des personnes ayant fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale” semble arranger plus les terroristes et les repentis islamistes, les éléments des services de sécurité révoqués, par contre, ne bénéficient d'aucune prise en charge, selon eux. Cependant, les ex-policiers misent sur une petite marge de manœuvre décodée dans le texte de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui stipule, dans son dernier paragraphe, que le président de la République “peut, à tout moment, prendre toute autre mesure requise pour la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale”. Selon M. Ziari, 300 dossiers de ces agents révoqués sont actuellement à l'étude à la DGSN. “D'après mes propres informations, le directeur général de la Sûreté nationale ne semble pas être contre la réintégration des ex-policiers. D'ailleurs ni lui ni le ministre de l'Intérieur ne peuvent s'opposer à la réinsertion des ex-policiers. C'est une décision qui dépend directement du président de la République”, a-t-il déclaré. Notre interlocuteur précise aussi que ces policiers avaient sensiblement contribué à l'amélioration de la situation sécuritaire en garantissant les conditions favorables pour l'organisation de l'élection présidentielle de 1999. L'ex-officier supérieur de la police indique que les terroristes sont en train d'exiger des indemnités, alors que ces policiers ne demandent que leur réintégration. M. Ziari souligne, également, que les familles des terroristes sont prises en charge dans le cadre de cette charte, tandis que celles des policiers sont laissées pour compte. Notre interlocuteur précise, par ailleurs, que cette requête de réintégration concerne seulement ceux qui ont servi le pays. Il n'est pas question de défendre les hauts fonctionnaires de l'Etat révoqués parce qu'ils avaient accaparé illégalement les biens de l'Etat. Les policiers licenciés comptent mener leur action jusqu'à son aboutissement. “De ce pas, nous partons à la Ligue des droits de l'Homme pour remettre une lettre ouverte au président de la République. Nous espérons que M. Ksentini nous recevra”, a indiqué M. Ziari. Il a annoncé, par ailleurs, que lui et ses compagnons accordent un délai de 15 jours aux autorités compétentes pour prendre en charge leurs revendications. Le cas échéant, ils organiseront un sit-in devant le palais d'El-Mouradia. “Nous ne souhaitons pas une confrontation, mais s'il le faut…” a-t-il déclaré. Nabila Afroun