L'étau semble se resserrer sur le chef du RND, particulièrement après son départ de l'Exécutif. Lui qui tenait le parti d'une main de fer est aujourd'hui vertement attaqué par ses anciens compagnons. Yahia Guidoum, ancien ministre de la Santé dans le gouvernement du même Ouyahia, aujourd'hui porté à la tête du mouvement qui réclame sa tête, a lancé une violente charge contre le patron du RND. Dans une interview accordée, hier, à notre confrère El Khabar, il l'accuse de «trahison», de «dictateur», d'«exclusion» et d'avoir dévié le parti de sa ligne. Sans prendre de gants, Guidoum défie l'ex-Premier ministre. «Oui, la mission d'Ouyahia à la tête du RND est finie en raison de son échec. Nous sommes déterminés à le déloger du parti. Il se trompe quand il considère que notre mouvement est un chahut de gamins. Nous étions, nous les cadres du parti, victimes des comportements de trahison de la part du secrétaire général qu'il a dévié de la ligne originelle. Il a cassé le RND, un parti qui essuie des défaites et où règne la logique de l'argent sale. Il n'est un secret pour personne que Ouyahia n'est pas un pauvre», assène l'ancien ministre de la Santé ! Dans sa diatribe, Yahia Guidoum va au-delà de la crise interne du parti. Il tente une «démystification» de l'image d'un Ouyahia souvent présenté, à tort ou à raison, comme l'un des hommes forts du régime qui jouit de solides appuis de son noyau dur. «Le présenter comme un militaire dans une tenue de civil est une image sciemment entretenue et vendue pour tromper l'opinion publique. On aurait aimé qu'il (Ouyahia) soit un militaire au service de la République et de la défense des intérêts du peuple», lâche-t-il. Ahmed Ouyahia, qui aime se faire passer pour «un serviteur de l'Etat», est bien servi ! Et pour l'enfoncer encore davantage, il met en doute le soutien qu'apporte le patron du RND à Bouteflika : «Le soutien d'Ouyahia au président Bouteflika n'a jamais été sincère, mais de pure forme, dans le seul but de se maintenir au pouvoir !» Qu'est-ce qui fait courir Guidoum et son mouvement de redressement ? Que cherche-t-il en dressant Ouyahia contre le chef de l'Etat ? Les grandes manœuvres en perspective de la présidentielle de 2014 expliquent-elles «l'escalade» ? Sans dérobade et s'il assure ne pas vouloir lui barrer la route, Guidoum présente Ouyahia comme l'homme politique «le plus impopulaire» du pays. En clair, ses chances de présider aux destinées du pays sont minces. «Nous ne voulons pas barrer la route à quiconque, mais je dois rappeler que l'histoire de l'Algérie n'a jamais connu un responsable politique aussi impopulaire qu'Ahmed Ouyahia, à ce titre il mérite une médaille olympique», tranche-t-il. La messe serait dite. Les redresseurs du RND déploient, en tout cas, toutes leurs forces pour «briser» l'élan d'Ahmed Ouyahia, qui ne fait pas mystère de son ambition présidentielle. Le chef du RND qui, par le passé, a survécu à bien des secousses plus ou moins fortes saura-t-il éviter ce piège à haut risque ? L'issue des élections locales sera un premier indicateur de ce que seront les rapports de force dans cette bataille.