Un nouvel épisode, épousant correctement les codes de la franchise, et qui réussit à se démarquer avec un retour saisissant sur l'enfance de Bond ! Un film à voir dans la salle Ibn Zeydoun (OREF), tous les jours à raison de 3 séances par jour. Pourquoi continuer à suivre la franchise James Bond ? Car en 2012, nous aimons revenir sur nos lieux d'enfance. Bond, tout comme John Ford, la science fiction ou bien le teenage-movie (histoire de ne pas oublier nos origines), font partie de ce microcosme ciné dans lequel le spectateur aime s'y ressourcer. Toujours l'envie d'en savoir un peu plus sur ce personnage aussi énigmatique que parfait. Pensé en 1953 par un certain Ian Fleming, écrivain mais aussi espion british, et savamment interprété à partir de 1962 par un Sean Connery, qui déposa le premier, les codes de la «good attitude» sur une composition élégante, sensuelle et un brin ironique. 2012, donc, on revient avec le 25e opus, un Daniel Craig qui retrouve pour la troisième fois le costume de l'espion, et un certain Sam Mendes, derrière la caméra, en grand chef d'orchestre aussi improbable que mystique. Le cahier des charges est férocement respecté, chaque endroit devenant une cour de récréation foutraque où le gentil Bond rivalise d'ingéniosité pour aplatir les «méchants», une belle «James Bond girl», délicieusement saugrenue et un Bad Boy, peroxydé, malade mental donc assez réussi, en la personne de Javier Bardem. Quant à Daniel Craig, il est toujours aussi monolithique allant parfois jusqu'à friser la parodie. Skyfall dure 137 minutes. Il faudra patienter à la centième minute pour découvrir – enfin – la patte de Mendes, à l'aise dans les trajectoires légèrement individuelles (Jarhead, American Beauty ou Away we go), plongeant Bond et M, son supérieur hiérarchique, campé par Judi Dench, dans une intimité rarement exploitée dans les précédents numéros de la série. Les cinéphiles se souviendront de l'ambiance des Chiens de paille, de Sam Peckinpah (1971), les autres y verront une forme de temps suspendu où les caractères se livrent entièrement à nu. Et lorsque Mendes joue avec les codes filiaux de Bond (l'enfance du personnage), c'est avec une certaine retenue, poussant Skyfall dans ses retranchements. Le temps d'un claquement de doigts, le film devient jubilatoire. * Horaires de projection : 13h, 16h et 19h.