À l'occasion du 50e anniversaire de James Bond au cinéma, cinq spécialistes décryptent le phénomène. On ne naît que deux fois. James Bond a vu le jour en 1953 sur le papier, sous la plume de Ian Fleming, puis sur pellicule le 5 octobre 1962, sous les traits de Sean Connery dans James Bond contre Dr No, de Terence Young. Le père de 007 n'aimait pourtant pas le comédien écossais. Il aurait préféré Cary Grant, James Mason ou David Niven. Les producteurs Harry Saltzman et Albert R. «Cubby» Broccoli ont misé jusqu'à leur dernier sou dans cette première aventure jamaïquaine, où la belle Suissesse Ursula Andress sort des flots avec un bikini blanc, un poignard la ceinture et un coquillage dans chaque main, telle une naïade échappée d'un Botticelli. «Nous filmons l'impossible» Lors d'une avant-première privée à Londres, un ponte de United Artists est dépité. «Tout ce que nous pouvons perdre, dit-il, c'est un million de dollars! Je ne vais quand même pas montrer un film avec un docker dans le rôle principal !» Contre toute attente, le film est un triomphe. Le très hitchcockien Bons baisers de Russie transforme l'essai mais c'est avec Goldfinger en 1964 que naît la «bondmania»... Un demi-siècle après, le raz-de-marée est toujours plus impressionnant à chaque nouvelle sortie d'un Bond. Skyfall, qui sort le vendredi 26 octobre 2012, n'échappe pas à la règle. Depuis 1962, Sean Connery et Roger Mooreont, interprété sept fois chacun l'espion. Trois n'ont fait qu'un tour de piste : l'Américain Barry Nelson, piteux précurseur dans le dramatique Casino Royale, diffusé à la télévision en 1954, David Niven, qui reprend le rôle en 1967, et George Lazenby en 1969 dans l'excellent Au service secret de Sa Majesté. Timothy Dalton incarne deux fois 007 (Tuer n'est pas jouer, 1987, et Permis de tuer, 1989). En 1995, Pierce Brosnan prend la relève quatre fois, de GoldenEye à Meurs un autre jour, en 2002. Puis vient Daniel Craig dans l'impressionnant Casino Royale de Martin Campbell, en 2006. Après le faux pas Quantum of Solace de Mark Forster en 2008, Craig rempile sous l'œil de Sam Mendes dans Skyfall, dont la sortie mondiale est prévue le 26 octobre. Entretemps, James Bond est devenu un mythe du cinéma. Le secret du cocktail Bond ? «La méthode est simple, expliquait Albert Broccoli. Nous écrivons l'impossible. Ensuite, nous filmons l'impossible.» Il oublie l'humour. Le Bond de Ian Fleming est un tueur somme toute assez fruste. En passant au cinéma, il a acquis le sens de l'humour, petite touche qui donne au cocktail sa saveur unique. La saga a définitivement marqué son époque. Les rapports de Bond avec les femmes ont évolué de la misogynie pure vers l'équité. Sur l'échiquier mondial, 007 est passé sans ciller de la guerre froide à la détente, et a même pris en compte le traumatisme du 11 septembre. Le 5 octobre 2012 a été déclaré Journée mondiale James Bond.