La mobilisation contre le Contrat de première embauche (CPE) a culminé, hier, en France, avec des manifestations réunissant entre un à trois millions de personnes. Ces manifestations, dont quelques-unes ont été émaillées de violences, notamment à Paris, sont parmi les plus importantes qu'ait connues la France ces vingt dernières années. Le principal syndicat, la CGT, a affirmé que plus de 3 millions de salariés et de jeunes avaient manifesté, dont 700 000 à Paris, « chiffre historique ». Malgré la mobilisation de 4000 policiers, des jeunes casseurs, visages masqués, ont brisé des vitres, agressant et volant de jeunes manifestantes. Des heurts ont éclaté en fin de manifestation dans plusieurs villes, notamment à Rennes. La police avait interpellé près de 400 personnes en fin de journée, dont 200 à Paris. Ces violences n'ont pas éclipsé l'ampleur de la mobilisation syndicale et estudiantine, jugée cruciale pour l'avenir du mouvement de contestation du CPE, rejeté par près des deux tiers des Français, selon les sondages. « C'est un raz-de-marée », a lancé le leader étudiant Bruno Julliard. « Il est impensable que le Premier ministre reste arc-bouté sur sa position », a estimé le chef de la CGT, Bernard Thibault. Côte à côte, fonctionnaires, salariés du privé, lycéens et étudiants ont clamé leur rejet du CPE, mesure phare du plan contre le chômage de M. de Villepin, mais synonyme pour eux de précarisation. Alors que des manifestants réclamaient sa démission et l'accusaient de jouer le « pourrissement », Dominique de Villepin a refusé de retirer le CPE, mais il a dit vouloir discuter d'aménagements au CPE, contrat de travail réservé aux moins de 26 ans. Mais les syndicats ont refusé de le rencontrer aujourd'hui.