Une étude a révélé qu'une partie de la population présente un état de stress post traumatique lié à la décennie noire. Pour sa 31ème édition, le congrès franco-maghrébin de psychiatrie s'est posé l'espace d'un week-end à Constantine où se sont donnés rendez-vous les meilleurs spécialistes des deux rives de la Méditerranée. Organisée par l'association franco-maghrébine de psychiatrie (AFMP), cette rencontre scientifique de haut niveau, abritée par l'hôtel Novotel, s'est focalisée sur une avancée qualifiée d'historique : «le traitement des psychoses à travers les neurosciences». Tout un programme décrypté par le Professeur Jean Dalery, secrétaire général de l'AFMP : «Carrefour entre les données neuroscientifiques et psychosociologiques, la psychiatrie démontre de plus en plus l'implication des gènes dans l'apparition des maladies mentales et ces gènes prédisposent justement au développement des maladies mentales qui s'expriment en quelque sorte en fonction des facteurs de stress dont la grande nuisance n'est plus à démontrer». Et de poursuivre : «Cette vulnérabilité génétique trouve à travers le stress un terrain très favorable pour s'exprimer et se développer sous la forme d'une maladie mentale. Concernant notamment le traitement des psychoses et grâce au travail acharné des chercheurs, de formidables perspectives s'offrent aujourd'hui à nous pour assurer une meilleure prise en charge des malades, et ce grâce à de nouvelles molécules médicamenteuses qui s'avèrent aujourd'hui plus efficaces et mieux supportées par les malades. Ce qui augure de plus grandes chances de guérison et moins de souffrances pour les patients.» Membre fondateur de l'association franco-maghrébine de psychiatrie et président de la société algérienne de psychiatrie, le Professeur Farid Kacha rebondit sur ces points cruciaux, soulignant que «les neurosciences sont les garants de l'avenir de la psychiatrie, et à ce titre elles devront permettre de mieux appréhender les causes de ces souffrances et des grandes maladies mentales, à l'exemple des troubles bipolaires et de la schizophrénie, et dans cette optique les nouveaux équipements mis à notre disposition, et en particulier le scanner, vont nous permettre de visualiser le fonctionnement du cerveau et de poser des diagnostics fiables.» S'appuyant sur les résultats d'une étude épidémiologique menée en collaboration avec le Dr Ammar, le Pr Kacha nous dévoile les effets dévastateurs du stress induit par les évènements tragiques de la décennie noire qui a déstabilisé les cellules familiales et déclenché chez de nombreux citoyens, surtout chez les femmes et les enfants, des troubles paranoïaques graves, des tableaux dépressifs sévères avec tentatives de suicide…..Cette enquête qui a concerné un échantillon de 900 personnes dévoile que 13,44 % de cette frange présente un état de stress post-traumatique suite à ces évènements traumatisants qui soulignent l'ampleur de la souffrance psychique et sociale qui a suivi ces terribles évènements.