Le 28 mars a été marqué par trois importants événements liés d'une façon ou une autre. Dans les territoires palestiniens, le nouveau gouvernement issu du Hamas, mouvement islamiste et radical vainqueur des dernières législatives palestiniennes, a été investi au conseil législatif (Parlement). Israël a vécu une longue journée d'élections législatives tandis que Khartoum, la capitale soudanaise, accueillait le Sommet arabe. Quant au gouvernement palestinien, il a facilement passé le vote de confiance. En Israël, hier à l'aube, après le décompte de 99,7% des votes Kadima, le parti centriste du Premier ministre intérimaire Ehoud Olmert, obtient une victoire étriquée avec seulement 28 sièges sur les 120 sièges que compte la Knesset, a annoncé la Commission électorale. Le Parti travailliste d'Amir Peretz arrive en deuxième position, avec 20 sièges. Le Likoud connaît, quant à lui, une déroute historique en arrivant en 5e position, avec seulement 11 sièges. Le parti religieux (ultra orthodoxe) Shas et le parti d'extrême droite Israël Beitenou mené par Avigdor lieberman, partisan d'un transfert massif des Palestiniens, ont effectué une percée en obtenant respectivement 13 et 12 sièges. Les partis arabes réunis ont obtenu 10 sièges. La victoire de Kadima est loin de celle prédite par les sondages qui lui donnaient jusqu'à 40 sièges. Pour former le prochain gouvernement, Olmert doit former une coalition dans laquelle le parti travailliste devra occuper une place importante. Après l'annonce des résultats partiels, assurant la victoire de Kadima, Ehud Olmert qui a utilisé un ton modéré a fait un appel au président Mahmoud Abbas où il s'est dit prêt à aller de l'avant dans le processus de paix, en cédant des parties de ce qu'il a appelé la terre d'Israël, territoire biblique incluant la Cisjordanie. « Mais, conscients de la réalité et des circonstances, nous sommes prêts à des compromis, à renoncer à certaines parties de la terre bien-aimée d'Israël (...) et à évacuer, avec une grande souffrance, les juifs vivant dans ces endroits, afin de créer les conditions qui nous permettrons d'atteindre notre rêve et de vivre côte-à-côte », a lancé Olmert au président palestinien. Si les Palestiniens ne font pas les efforts réclamés par les Israéliens pour progresser vers la paix, « Israël prendra son destin en main » et il fixera ses frontières de manière unilatérale après consultations avec les Etats-Unis et d'autres pays, a prévenu Olmert. Le président israélien Moshe Katzav devrait confier dimanche à Olmert la tâche de former un gouvernement, qui revient habituellement au chef de la formation arrivée en tête des élections, qui disposera de 42 jours pour former son cabinet. Dans la capitale soudanaise qui abritait le 18e Sommet arabe, 8 chefs arabes n'étaient pas présents à la séance inaugurale. Comme d'habitude, les résultats du sommet n'ont rien rapporté de concret au soutien de la cause palestinienne. Le Hamas qui espérait que les Arabes augmenteront au moins leur aide financière à l'Autorité palestinienne doivent être plutôt déçus. Les Arabes ne verseront que 55 des 170 millions de dollars que réclamait le Hamas, comme aide mensuelle pour pouvoir faire face à l'embargo financier des pays donateurs qui refusent de fournir leurs aides tant que ce mouvement n'aura pas reconnu l'Etat d'Israël et ne déposera pas les armes. Avec un nouveau gouvernement israélien décidé à tracer de façon unilatérale les frontières de l'Etat hébreu d'ici 2010, un monde arabe dont il ne peut attendre grand-chose, un gouvernement issu du Hamas qui souffre et souffrira d'un isolement suffocant sur la scène internationale, le peuple palestinien doit purger de cette force miraculeuse lui ayant permis de survivre à ce jour pour essayer de maintenir le cap.