C'est un ordre de tuer qu'a délivré hier Israël à l'endroit des responsables du mouvement palestinien Hamas majoritaire au sein du Conseil législatif palestinien (CLP) et appelé depuis mardi dernier à former le nouveau gouvernement palestinien. Toujours déterminé à appliquer sa politique terroriste, Israël a fait savoir très officiellement hier que les nouveaux élus constituaient des cibles pour ses tueurs. En tête de liste figure le Premier ministre palestinien désigné issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui serait une « cible légitime », a affirmé hier l'ancien chef du Shin Beth, le service israélien de sécurité intérieure. « Je ne pense pas que Haniyeh doit jouir d'une quelconque immunité juste parce qu'il est Premier ministre », a déclaré Avi Dichter au quotidien Yediot Aharonot. Dichter devrait occuper un poste sécuritaire clé si le nouveau parti centriste Kadima qu'il a rallié remportait les élections générales anticipées prévues fin mars comme le prédisent tous les sondages. Plusieurs chefs du mouvement, notamment son fondateur Ahmad Yassine et son successeur Abdelaziz Rantissi, ont été assassinés par Israël. Seules quelques Organisations non gouvernementales (ONG) avaient osé dénoncer ce qu'elles avaient qualifié d'exécutions extrajudiciaires, une approche bien contestable à bien des égards comme si le passage par une juridiction de l'occupant était toléré, ou plus grave qu'il légitimait de tels actes terroristes. Par ailleurs, deux ouvriers palestiniens ont été tués hier par des tirs de soldats israéliens dans le sud de la bande de Ghaza, en tentant de s'infiltrer à Israël pour y travailler au noir, a-t-on appris de source sécuritaire palestinienne. Souleimane Al Hamaydah et Mohammad Doukhan, âgés d'une vingtaine d'années chacun, ont été tués par des tirs de soldats aux abords de Deir El Balah, non loin de la clôture électronique séparant le sud de la bande de Ghaza et Israël. Un Palestinien a été blessé par ces tirs, a-t-on précisé. Une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que l'homme arrêté n'était pas armé. Ces nouveaux décès portent à 4967 le nombre de tués, en grande majorité des Palestiniens, depuis le début de l'Intifadha. Dans le nord de la bande de Ghaza, trois Palestiniens, dont un militant des Brigades des martyrs d'Al Aqsa liées au Fatah, ont été blessés quand un drone israélien a tiré deux roquettes en direction de deux voitures près de Beit Lahya, selon des témoins et des sources sécuritaires. Quant à l'artillerie israélienne, elle a repris ses bombardements de la « zone interdite » qu'elle a décrétée dans le nord de la bande de Ghaza. La veille, 5 Palestiniens, dont trois activistes des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, ont été tués dans une agression de l'armée israélienne à Naplouse en Cisjordanie, la plus meurtrière dans les territoires palestiniens depuis les législatives du 25 janvier remportées par le mouvement radical Hamas. L'armée israélienne a, par ailleurs, intensifié ses préparatifs pour l'établissement d'un réseau de routes séparées pour les Palestiniens et colons israéliens en Cisjordanie, selon le quotidien Maariv. Le quotidien israélien publie une carte des routes séparées prévues par ce plan baptisé « ça coule », et qui réserve aux Israéliens les principales voies d'accès. Le général Yaïr Naveh, commandant de la région centre d'Israël qui couvre la Cisjordanie, avait indiqué mercredi que l'armée avait commencé à mettre en oeuvre ce plan. « Il s'agit d'une mesure supplémentaire de séparation sécuritaire » entre les deux populations, a-t-il déclaré. « Si ce plan est appliqué, il y aura deux systèmes de routes pour Israéliens et Palestiniens, suivant un système d'apartheid qui était en vigueur en Afrique du Sud », avait averti en octobre le négociateur en chef palestinien, Saeb Erakat. Et dire qu'avec tout cela, il est demandé aux Palestiniens de cesser leur résistance contre l'occupant, et de souscrire à la feuille de route, un plan de paix tué par Israël comme tous les précédents.