Les palestiniens qui viennent de susciter l'admiration, en réussissant le 25 janvier des élections législatives démocratiques, même si le vainqueur a été le mouvement islamiste Hamas, se montrent incapables de former un gouvernement d'union nationale, tant les divergences entre les mouvements représentés au conseil législatif sont énormes. L'essentiel point de discorde entre le Hamas, largement majoritaire au conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) avec 74 des 132 sièges et les autres forces palestiniennes, concerne le programme du gouvernement, présenté au président Mahmoud Abbas par le futur premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui ne comporte pas une reconnaissance explicite de l'organisation de libération de la palestine. Ni le Hamas ni le Djihad islamique, l'autre mouvement islamiste et radical palestinien ne sont membres de cette organisation qui chapeaute les principaux mouvements nationalistes palestiniens. le Fatah, principal rival du mouvement de Haniyeh avec ses 45 sièges, représente la colonne vertébrale de cette organisation, qui a demandé, mercredi, au Hamas, d'amender son programme, en incluant une reconnaissance claire de L'OLP comme « unique représentant légitime du peuple palestinien ». Le président Abbas va adresser une lettre au gouvernement du Hamas expliquant sa position vis-à-vis de son programme qui est inacceptable. « Le gouvernement du Hamas doit le revoir et présenter un nouveau programme tenant compte des intérêts du peuple palestinien », a déclaré Tayssir Khaled, membre du Comité exécutif de l'OLP. Abbas président élu de l'autorité palestinienne mais aussi chef de l'OLP, qui ne veut pas donner l'impression de mettre les bâtons dans les roues du nouveau gouvernement, a essayé de minimiser les divergences. « Il n'y aura pas de crise constitutionnelle. Il y a certaines questions essentielles, comme le fait que l'OLP doit être la première référence pour l'Autorité palestinienne et ce point doit figurer clairement dans le programme » gouvernemental, a-t-il assuré.« L'Autorité palestinienne est issue de l'OLP. C'est une réalité », a souligné le président palestinien. Politique unilatérale L'autorité palestinienne a vu le jour en 1994, suite à la signature des accords d'oslo en 1993 entre l'OLP et l'etat d'Israël. « Le Hamas n'est pas une alternative à l'OLP », a insisté un autre membre du Comité exécutif, Zakaria Al Agha. Fort de sa large majorité au clp, le Hamas a rejeté la demande de l'OLP qualifiée par Sami Abou Zohri, porte-parole du mouvement, d'inacceptable et d'illégale. « Le CLP est le seul habilité » à se prononcer sur le programme du Hamas, a-t-il affirmé. Azzam Al Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah a, pour sa part, mis en garde contre « une crise politique et constitutionnelle entre le gouvernement et la présidence de l'Autorité palestinienne » si le Hamas refuse d'amender son programme. un responsable du Djihad islamique a estimé quant à lui que « l'insistance pour que l'OLP soit le seul représentant légal du peuple palestinien, alors que le Hamas et le Djihad n'en font pas partie, revient à tourner le dos à la majorité du peuple palestinien » qui a élu le Hamas. Cette menace de grave crise politique, dont les retombées pourraient être désastreuses sur la fragile paix civile dans les territoires palestiniens, suscite une vive inquiétude dans la rue. Si ce bras de fer dépasse le cadre du dialogue et des négociations matures, c'est tout le processus démocratique qui risque d'être éclaboussé, scénario qui comblera de bonheur d'Israël dont les législatives sont prévues pour le 28 mars. le nouveau parti israélien Kadima (en avant en hébreu), créé par l'ancien premier ministre Ariel Sharon, toujours dans un coma profond, dirigé par le premier ministre par intérim, Ehud Olmert, est donné grand favori. Le chef de Kadima a prévenu, jeudi, ses éventuels futurs partenaires qu'il ne transigerait pas sur son plan de désengagement de Cisjordanie pour tracer les frontières définitives d'Israël d'ici 2010. « Que personne n'en doute : j'ai l'intention d'appliquer ce plan », assure Ehud Olmert dans un entretien au Yediot Ahronot. « Ceux qui ne veulent pas voir ce plan mis en œuvre, ils ne seront pas dans ma coalition. Je n'ai pas l'intention de faire des compromis sur les détails du projet. C'est le plan et il n'y en a pas d'autres. » c'est donc la poursuite de la politique unilatérale commencée par Sharon avec son plan de désengagement d'avec les palestiniens, dont le retrait de la bande de Ghaza a constitué la première étape. la victoire du Hamas, considéré aux etats-unis et dans les pays de l'union européenne, comme mouvement terroriste, aux législatives palestiniennes, encourage encore plus les Israéliens d'aller de l'avant dans leur politique, arguant ne pas avoir de partenaire palestinien crédible pour la recherche d'une paix négociée. le plan d'Olmert prévoit l'annexion par Israël de près de la moitié de la cisjordanie avec tous les grands blocs de colonies juives, le reste étant divisé par le mur de séparation en ghettos palestiniens. la ville sainte d'El Qods fera partie de la capitale israélienne. la vallée du jourdain constituera la frontière d'Israël avec la Jordanie, sans oublier l'interdiction aux réfugiés palestiniens de retourner dans leurs terres et leurs foyers. Tout cela rendra impossible la création d'un etat palestinien viable et mettra un terme aux aspirations nationales du peuple palestinien qui n'aura alors d'autre choix que celui de la poursuite de la lutte armée. Sur le terrain, deux militants du Djihad islamique ont été tués jeudi matin par un tir de roquette air sol au centre de Ghaza, près de la ligne de frontière avec israël. Que l'on est loin de la paix.