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Zineb Laouedj, les chants de la dernière colombe
Réinvention libre d'une parole fragile
Publié dans El Watan le 30 - 03 - 2006

Zineb, tout comme les poètes de sa génération, s'est forgé un nom et une expérience dans le fracas des batailles littéraires des années 1970 autour de la poésie libre.
Le souffle du renouveau de liberté, animé par les deux pionniers de la poésie arabe libre, Badr Chaker Assayab et Nazek el Malaïka, a été perçu dans le monde arabe comme un événement de taille, qui a bouleversé les certitudes littéraires de l'époque ; il a fait couler beaucoup d'encre à partir de la deuxième moitié des années 1940. Certains critiques, fixés sur un modèle anté-islamique en plein essoufflement, sont même allés jusqu'à considérer ce mouvement, comme un danger pour la langue, le religieux et surtout pour la littérature arabe et son histoire ancestrale. L'avènement de la poésie libre ne deviendra une réalité littéraire et sociologique en Algérie qu'à la fin des années 1970, avec un retard accumulé de trente années et avec beaucoup de casse à cause des thèmes audacieux, abordés par cette génération des années 1970, tels : l'amour, le corps, l'exil, la déception, la trahison des ancêtres, le politique, la bureaucratie... Beaucoup de textes ont été la cible choisie d'une censure absurde et en plein déconfiture, fébrile à tout souffle de liberté. Ce fut le cas, par exemple, de Rezzagui qui a vu interdire son recueil Peines d'un citoyen nommé Abdelali et du poème de Omar Azraj Parti unique, véritable pamphlet contre un FLN qui a fini par devenir un système et une pratique. Oh Parti unique, secoue toi, démultiplie-toi ou laisse-toi mourir. Zineb a pris part à cette bataille d'envergure. Depuis la sortie de son premier recueil publié en 1979 à Damas Soleil des désamours puis à Alger, elle a su tracer les contours de son territoire poétique : une parole libre pour un idéal à réinventer constamment. Elle s'est investie entièrement dans la poésie. Dans le cadre académique, elle réalisa un grand travail sur la « poésie des année 70 dans l'espace maghrébin », thèse de doctorat d'Etat qu'elle a soutenu en 1989 ; enseigna ensuite à la faculté centrale d'Alger et à Paris VIIIe comme professeur de la poésie arabe moderne ; invitée ensuite, en 1999, par le centre de recherche : The Getty Center de Los Angeles, aux USA, pendant plus d'une année. Une approche universitaire qui lui donna un regard riche et partagé entre les exigences critiques et les libertés indissociables de l'artiste. Avec Les Chants de la dernière colombe, premier recueil qui englobe un choix de l'ensemble de son travail poétique, une anthologie personnelle, traduite en langue française, Zineb nous fait découvrir d'autres territoires, chers à la poésie où seuls l'imaginaire et le souffle de liberté ont droit de cité. Les Chants de la dernière colombe est le fruit d'une très belle rencontre entre Zineb, poétesse de langue arabe et Cécile Oumhani, poétesse française de premier rang, en 2003, dans le cadre d'un atelier d'écriture et de traduction, en France : Le Poète et son double. La finalité de cette rencontre a été la traduction de ce recueil, sorti fraîchement aux éditions Espace Libre. L'effort de donner au poème de Zineb toute sa fluidité et son élégance est à saluer grâce à la touche magique de Cécile mais aussi celle de Zineb, parfaite bilingue, qui ont mis tout leur raffinement et leur délicatesse au profit d'une belle traduction qui préserve toute la teneur et l'authenticité du texte arabe. Avec les Chants de la dernière colombe, Zineb boucle toute une période d'écriture, dans sa vie littéraire, qui s'étale sur plus d'un quart de siècle. Soleil des désamours (1979) et Enfance apprivoisée (1981) ne sont qu'une esquisse d'une expérience qui a vu sa véritable ascension et son apogée à la moitié des années 1990, où la poésie est devenue synonyme de mort et d'incertitudes : écrire=mourir. Devant le diktat de la mort engendrée par le fascisme intégriste montant avec toute sa machine à tuer, Zineb choisit la voie la plus rude, celle de dire la vie tout court, de défendre le droit d'une pensée libre, dans une poésie populaire plus accessible à un public avide d'écouter une voix autre que la voix crasseuse des politiques et prêches incendiaires. Ceux, dont la mémoire n'est pas courte, se rappellent bien, durant ces années de plomb, ses poèmes intégrés dans ce recueil dits devant un public populaire très large, acquis à la quête amoureuse et humaine du poète : Le Palmier, Nouara la folle, Ben-Slimane... Des images qui se réinventent constamment et des mots qui vibrent à l'écoute de ce mal si profond dont seul le poète peut aller au-delà du visible et faire de l'ordinaire un atout poétique. Deux registres linguistiques fonctionnent simultanément dans Les Chants de la dernière colombe et dont la traduction réussie a pu rendre visible la langue arabe savante avec tout son potentiel esthétique et sa mémoire poétique si variée et si riche et la langue arabe populaire, imprégnée d'un terroir qui a toujours manqué à la littérature algérienne de langue arabe au nom d'une stratification décidée politiquement, plus qu'émanant d'un choix raisonné et bien étudié. La dernière participation de Zineb, il y a une semaine, au Printemps des poètes à Paris, dans une lecture croisée arabo-française, donne un avant-goût des nouveaux territoires humanistes et universels, acquis par la poétesse, pour s'installer enfin dans les vibrations sourdes de notre siècle qui trébuche sur des faux départs, des guerres et des grandes injustices :
Sans grands éclats, notre temps s'éteint, Lame fondant dans le miroir des guerres,
Et le mirage des cauchemars.
Cendre ocre, sang impatient et transparence aveugle,
Doigt accusateur, tranché par l'oubli,
Combien faut-il de temps, pour l'homme de ce siècle,
Avant de traverser l'aveuglement de la pierre,
Et voyager sur les ailes d'un papillon,
Vers la voie des lumières et du parfum des aurores ?
Combien faut-il pour que cette pierre comprenne
Qu'elle n'est que poussière et amas de sable brûlé ? c'est dans le miroir magique de ces mots transparents que Zineb nous invite à toucher le rayon de soleil et à voyager sur les ailes d'un papillon et d'ôter à l'ombre des guerres, l'ultime étincelle de la vie. Cette dimension universelle ouvre la poésie de Zineb sur d'autres horizons qui restent encore inexploités par notre littérature de langue arabe. Les chants de la dernière colombe délivre les mots de tous les interdits imposés et les fausses certitudes. Pour la poétesse « les mots sont avant tout des êtres fragiles qui vibrent au toucher des choses de la vie et au doux bruissements des rêves. Ils n'ont pas l'assurance de la pierre, mais plus solides que le temps et les tirants ».


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