Chaque année est consacrée, en Tunisie, une journée à la promotion du vêtement traditionnel du pays. Cette manifestation a permis, aux spécialistes du métier, de dresser un bilan sur la situation du secteur textile artisanal lequel, il faut le reconnaître, ne pèse pas lourd sur la balance de l'économie tunisienne. Les vêtements contemporains, dont les pantalons et les tee-shirts, ont suppléé les djellabas et autres burnous traditionnels chez la population tunisienne. Ces derniers sont moins chers que les costumes et sont adaptés à la vie moderne. Ils sont plus pratiques, plus légers et beaucoup plus faciles à entretenir que les costumes traditionnels. Des sondages réalisés dans les rues tunisiennes ont révélé que peu de Tunisiens ont entendu parler de la Journée nationale du vêtement traditionnel. La majorité des gens interrogés avoue que ce type de vêtement est peu pratique et très coûteux. A titre d'exemple, une simple djellaba coûte plusieurs centaines de dinars tunisiens. Ces vêtements sont portés occasionnellement, pour des fêtes religieuses ou encore pour célébrer un mariage. De l'avis d'une mordue de mode, investir dans des tenues traditionnelles n'est pas à la portée de toutes les bourses et ne présente pas un grand intérêt. Pour leur part, les artisans tunisiens justifient les prix élevés de leur production par la main-d'œuvre qualifiée, puisque les vêtements sont traités et cousus main. D'une part, c'est un travail qui nécessite des semaines, voire un mois de travail et d'autre part, parce que la matière première, le plus souvent importée de l'étranger, revient très cher. Les clients se faisant de plus en plus rares, rien ne laisse présager une meilleure situation pour le secteur. A moins que l'exportation de la production artisanale tunisienne s'avère être une issue intéressante. « Il serait, dit-on, en effet dommage que le savoir-faire artisanal tunisien, forgé durant des siècles, tombe dans les oubliettes ». Il est fort probable que de jeunes talents tunisiens redonneront vie au savoir-faire ancestral, « en y ajoutant une touche de design contemporain, comme le font de jeunes artistes avec le caftan traditionnel ou le zellige marocain ».